Cet acte a été accompli, il y a quelques jours, á MBanza Kongo, l´ancienne Sao Salvador, ville, aujourd´hui, située au nord de l´Angola, dans le cadre des manifestations relatives á la célébration, le 8 janvier dernier, de la Journée de la Culture Nationale de ce pays.
Restauré, après avoir subi les effets des prévisibles combats post- électoraux de la dernière décennie, le Musée a réouvert ses portes, en attendant la reconstitution de ses collections biographiques et de ses reconstitutions sculpturales détruites ou pillées, avec l´exposition « Itinéraires de Mémoire – Esclavage et Trafic Négrier en Afrique de Langue Portugaise ».
L´organisation de cette émouvante vitrine historique a été conduite par Simao Souindoula, Directeur du Musée National de l´Esclavage de Luanda et Coordonnateur, pour l´Angola, du Projet de l´UNESCO « La Route de l´Esclave ».
Réhabilité grâce á l´intervention de la société nationale angolaise des pétroles, la puissante Sonangol et de l´Américaine Chevron, qui, les deux, opèrent dans le off-shore de l´ancien et de l´actuel Soyo, municipalité intégrant la Province du Zaire, celle du « Nzadi » (grand fleuve), et qui a pour centre de coordination administrative, l´historique MBanza ( ville) , le Musée a été réinauguré après - fait symptomatique de l´évolution anthropologique de la fédération depuis la fin du XV ème -, d´une part, les inévitables rites traditionnels du « luvumbisu » ( hommage au panthéon ), bien arrosés de vin de palme et de kola, tenus au « ntambi » , place de traitement mortuaire des souverains décédés au pouvoir, et au « kulumbimbi » ( la séculaire place du souvenir) , qui abrite les ruines, miraculeusement épargnées - mais, aujourd´hui sérieusement menacés par le pesant climat tropical humide de la région - de la dite Cathédrale de Santa Cruz, l´une des douze mythiques Eglises de la « citta di San Salvattore » , et, d´autre part, une cérémonie de bénédiction d´obédience bien catholique.
Initiant la présentation de l´exposition, Souindoula a, d´entrée de jeu, souligné que le choix du thème de l´esclavage pour la reprise des activités du Musée était pleinement justifié, tenant compte du fait que diverses sources indiquent que la ville de Nzinga Nkuwu, Joao 1er, le premier Roi chrétien, a été, entre la fin du XV et la première moitie du XVI ème siècle, au centre de l´évolution des exportations d´esclaves, d ´abord vers les îles de São Tomé, Principe et Annobon, la péninsule ibérique et, ensuite, vers le Nouveau Monde. En effet, la capitale fédérale était au cœur de la délivrance des autorisations, des concessions de privilèges, du transit, du contrôle y relatives mais aussi de la prévisible résistance et interdiction de cette pratique commerciale qui menaçait, visiblement, l´équilibre du Royaume.
CHAÎNE ORGANISATIONNELLE
Le Commissaire de la poignante expo a, ensuite, souligné que celle-ci, éditée sous la coordination d´Isabel Castro Henrique et, résultat d´une action de coopération entre les Comités angolais et portugais du Projet de l´UNESCO « La Route de l´Esclave », comprenait 30 panneaux qui reproduisaient des cartes, gravures et photographies relatives á divers sites liés á la chaîne organisationnelle des opérations esclavagistes (capture, acheminement vers le littoral atlantique, concentration, conversion et embarquement) portant donc sur l´Angola, le Cap Vert, la Guinée Bissau, le Mozambique et Sao Tomé e Principe.
L´on y retrouve les indispensables tours de défense et de facilitation de razzias tels que les forteresses, les institutions de l´obligatoire conversion á la religion chrétienne ou musulmane á l´image des Eglises, chapelles et mosquées ainsi que les « ports » exutoires, en réalité, simples sites en eaux profondes.
Diverses modalités liées au trafic et á l´exploitation de la main-d´œuvre esclave y sont rappelées telles que les interminables caravanes, dirigés par les implacables « pombeiros », ces fameux conducteurs d´esclaves, la monnaie d´échange « dallers » ainsi que les effrayantes machines de traitement de la précieuse canne á sucre, surtout installées dans l´expérimentale colonie insulaire portugaise du Golfe de Guinée.
Les cruels instruments de cœrcition tels que les fourches á cou, chaînes, menottes et divers types de poids pour rendre difficiles la fuite des captifs y sont, naturellement, représentés.
Le caractère très lucratif du négoce des bois d´ébène, est, insolemment, confirmé par des images de somptueux palais, résidences et autres demeures d´escravocrates.
Concluant sa présentation de l´exposition de ce volet de la « shoah africaine », le responsable du programme culturel onusien, a révélé que des contacts étaient en cours en vue de la mise en route, durant le Biennum 2007 – 2008, d´un Programme International sur « Le Royaume du Kongo et le trafic des esclaves golfe– guinéen et transatlantique », projet qui engagera, en plus de l´Angola, les pays ayant en commun l´héritage linguistique et anthropologique : les deux Congo et le Gabon.
Pour lui, la « mostra » , de caractère international, aménagée dans le Musée des souverains de l´ancien Kongo, institution à vocation sous – régionale et que le public de la cité du « Yala Nkulu », « Lieu d´Investiture », pourra apprécier, jusqu´en avril prochain, est une pré – figuration de ce programme.
Par ailleurs, l´on notera que celle-ci a été renforcée par la brillante conférence que l´américaniste angolais a prononcé le 8 janvier dernier, dans l´auditorium de l´Assemblée Provinciale, sur l´inattendu thème « Kongo dia Ngungu sur les rives de la Rio de La Plata ».
Appréciant l´ensemble des activités organisées et des perspectives envisagées lors de cette Journée, Simao Souindoula s´est dit confiant dans les efforts visant à perpétuer et consolider dans la mémoire du continent noir, l´incroyable tragédie qu´a été, entre faits, l´installation forcée dans les plantations de cacao des îles du Golfe de Guinée et celles, de sucre, des Caraïbes, mais aussi dans les puits d´extraction des mines d´or et d´argent des Amériques.
Enfin, il s´est montré rassuré du renforcement constaté, ces dernières années, des liens de fraternité et de solidarité entre l´Afrique et sa diaspora outre-Atlantique ; évolution qui contribuera, sans nul doute, à la rédemptrice Renaissance Africaine.
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