
Le préfet Jean-Charles Marchiani, ex-homme de confiance de Charles Pasqua, a été condamné en appel à Paris à deux peines de trois ans et un an de prison ferme, assorties d'une privation des droits civiques et de 400.000 euros d'amendes, dans des affaires de corruption.
Reconnu coupable de "trafic d'influence", il ne sera pas écroué immédiatement, la cour n'ayant pas délivré de mandat de dépôt. Il a déjà été envoyé derrière les barreaux d'août 2004 à février 2005. Son avocat Jacques Trémolet a annoncé qu'il se pourvoirait en cassation.
Ancien agent des services secrets, âgé de 63 ans, Jean-Charles Marchiani a été l'homme de l'ombre du pouvoir dans les années 80 et 90, intervenant notamment dans les négociations pour la libération des otages français au Liban.
Il a été l'homme de confiance de Charles Pasqua au ministère de l'Intérieur (1986-1988 et 1993-1995), préfet du Var (1995-1997) et député européen (1999-2004).
Dans le premier dossier, la cour confirme la peine prononcée en première instance en décembre 2005, soit trois ans de prison ferme, 150.000 euros d'amende et cinq ans de privation de droits civiques et civils.
Il est reconnu coupable d'avoir perçu l'équivalent de 1,25 million d'euros au milieu des années 1990 en monnayant son influence réelle ou supposée pour favoriser un contrat d'armement entre le groupe public français d'armement Giat Industries et la société allemande Renk.
Dans le second dossier, la cour ramène la sanction de première instance de 18 mois de prison ferme à un an et maintient une amende de 250.000 euros.
Dans ce dossier, Jean-Charles Marchiani paye pour avoir reçu entre 1991 et 1994 1,47 million d'euros de l'entreprise néerlandaise Vanderlande, pour une intervention en vue de l'attribution d'un marché des Aéroports de Paris (ADP) pour un système de tri des bagages à l'aéroport de Roissy.
La cour d'appel a confirmé la saisie des gains du préfet dans les deux affaires.
Ses ennuis judiciaires ne sont pas soldés, car il sera jugé à l'automne prochain pour des malversations présumées liées aux affaires de la Sofremi, société de vente d'armements liée au ministère de l'Intérieur.
Il est par ailleurs mis en examen dans trois autres affaires similaires, visant des ventes d'armes à l'Angola en 1993, un contrat d'Elf au Nigeria et ses liens avec l'homme d'affaires libanais Iskandar Safa, intervenu pour les otages du Liban.
Actuellement préfet "hors cadre" (sans affectation), Jean-Charles Marchiani a déclaré lors des audiences un salaire de 8.000 euros par mois versé par l'Etat. Selon le dossier d'enquête, il disposait en 2004 de comptes bancaires dans une douzaine de pays étrangers, dont six pour la seule Suisse, crédités à eux seuls en décembre 2004 de 9,386 millions d'euros.
La cour d'appel confirme les peines de prison avec sursis prononcées contre cinq autres prévenus dans les deux affaires, dont son frère Claude Marchiani, 52 ans.
Paris (Reuters)
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