mercredi 2 mai 2007

Nicolas Sarkozy affûte ses arguments avant le débat télévisé


Nicolas Sarkozy a rodé mercredi matin sur France Inter quelques-uns de ses arguments, à 12 heures du débat télévisé qui l'opposera dans la soirée à la candidate socialiste à l'Elysée, Ségolène Royal.

"Il y a quelque chose qui m'a frappé", a ainsi déclaré le candidat de l'UMP à propos du grand meeting de sa rivale, mardi au stade Charléty : "A aucun moment Mme Royal n'a dit ce qu'elle voulait faire pour résoudre les problèmes des Français."

"Le discours est toujours le même : attention, la droite revient, la brutalité revient", a poursuivi Nicolas Sarkozy, qui a de nouveau accusé la gauche d'être "sectaire".

"Si je ne suis pas d'accord, je suis brutal. Si je dis quelque chose qui ne va pas dans le sens de la pensée unique de gauche, je suis illégitime. Je suis un danger pour la démocratie pour la seule raison que je n'ai pas les idées de la gauche", a dit l'ancien ministre de l'Intérieur. "Quand j'avance une idée, c'est une polémique. Quand la gauche avance une idée, c'est un débat. Quand je remporte les élections, je suis populiste, quand la gauche les perd, elle est populaire."

"Est-ce que vous m'avez entendu dire des choses comme 'ignoble' quand Mme Royal parle de mes propositions ?" a-t-il poursuivi. "Est-ce que vous m'avez entendu dire qu'elle était brutale ? Non. Je crois qu'elle se trompe sur les 35 heures - elle veut les généraliser. Quand elle promet la régularisation (des sans papiers) pour tout le monde, à deux générations pour les enfants scolarisés, je ne suis pas d'accord. Mais je ne vais pas insulter les gens."

Il a réitéré sa condamnation de l'héritage de la révolte étudiante de mai 1968, dont Ségolène Royal s'est revendiquée.

"Le mouvement ouvrier a toujours considéré que 68 c'était une révolution mondaine. On a dévalorisé le travail, méprisé les travailleurs", a-t-il dit. "Il ne fallait plus de croissance, il n'y avait plus besoin de travailler et à partir de ce moment-là celui qui travaillait dans les usines, celui qui travaillait dur, n'a plus été considéré."

Il a en revanche contesté que la pilule et le droit à l'avortement soit un héritage de mai 1968 : "De quand date la pilule ? 1967. C'est un peu difficile de dire que la pilule, qui est un progrès (...) est le résultat de mai 1968. L'IVG (en 1975) c'est Valéry Giscard d'Estaing, qui est président de la République, c'est Jacques Chirac, qui est premier ministre, c'est Simone Veil."

Des points communs avec Bayrou

Il a accusé la gauche d'"exaspérer" les Français en exonérant "de leurs responsabilité les fraudeurs, les voyous, les casseurs". Il a en revanche évoqué des points communs avec le président de l'UDF, qui a débattu samedi sur BFM TV et RMC avec Ségolène Royal bien qu'il ait été éliminé au premier tour.

"Que dit François Bayrou ? Premièrement qu'il faut réduire la dette de la France. Il a raison", a-t-il déclaré. "Quel est le seul candidat qui propose des économies (...) ? C'est moi. Mme Royal ne propose aucune piste d'économie."

"François Bayrou a fait comme moi le coeur de sa campagne sur le travail", a-t-il ajouté.

Il a émis des doutes sur la possibilité pour Ségolène Royal, de rallier une majorité présidentielle "cohérente".

"J'ai vu qu'elle avait confié une mission à José Bové (...), qu'elle était soutenue par (les dirigeants d'extrême-gauche Alain) Krivine et (Arlette) Laguiller", a-t-il dit. "Est-ce que vous ne croyez pas que ma majorité, si je gagne, serait plus cohérente que celle de Mme Royal ?"

"Elle a changé deux fois de premier ministre en deux jours, parce que j'avais noté que le jour du débat (avec le président de l'UDF) c'était plutôt Bayrou (...). Le lendemain, c'est (Dominique) Strauss-Kahn", a ajouté Nicolas Sarkozy.

Il a refusé de dire qui serait son Premier ministre. Il s'est contenté de dire que son conseiller François Fillon et les ministres de la Défense et de l'Emploi, Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo, étaient "des personnes de qualité".

Selon son entourage, il devait consacrer le reste de la journée à préparer le débat télévisé du soir "seul et chez lui", à l'aide de notes fournies par ses collaborateurs.

Le candidat de l'UMP, donné favori par les sondages, a néanmoins minimisé l'enjeu de cette confrontation directe avec Ségolène Royal : "Chaque moment est décisif mais je ne suis pas de ceux qui dramatisent les enjeux d'un débat à ce point-là. Je ne pense pas que les Français choisissent pour cinq ans un président de la République sur la seule impression qu'ils auront d'un débat de deux heures."

PARIS (Reuters)

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