
Polémique autour de la Légion d'honneur de Maurice Papon, l'ancien haut fonctionnaire de Vichy mort samedi le 17 février à l'âge de 96 ans, divise la classe politique française.
L'UMP et le PS se sont vivement élevés, dimanche, contre la volonté de Me Francis Vuillemin, avocat de Maurice Papon, d'enterrer l'ancien haut fonctionnaire de Vichy, décédé samedi, avec la Légion d'honneur qui lui avait été retirée après sa condamnation. Me Vuillemin a indiqué qu'il "veillera personnellement" à ce que le défunt soit inhumé avec sa Légion d'honneur, alors que le port de cette décoration lui était interdit depuis sa condamnation à 10 ans de réclusion pour complicité de crimes contre l'humanité.
Une volonté récusée tant à l'UMP qu'au PS. Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, l'a jugée "choquante" et a souhaité que Jacques Chirac veille "à ce que rien ne vienne entacher cette distinction emblématique". "Ce serait un geste blessant et déplacé à l'égard des victimes et familles de victimes de la déportation", a affirmé le PS. Le candidat FN à la présidentielle Jean-Marie Le Pen a en revanche déclaré que Maurice Papon était "un bouc émissaire" et qu'il serait "petit et bas" d'empêcher sa famille de l'inhumer avec sa décoration.
Me Vuillemin a par ailleurs déclaré qu'il "ne connaît pas" la date des obsèques de son ancien client. "La famille devrait me la donner dans les jours qui viennent", a-t-il ajouté.
Condamné en 1998 à 10 ans de réclusion pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de juifs de Bordeaux sous l'Occupation, l'ancien secrétaire général de la préfecture de Gironde devrait être enterré dans le cimetière de Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne), commune où il était né le 3 septembre 1910 et où il résidait. Sa femme Paulette, décédée en mars 1998, deux jours avant la fin du procès, y repose déjà.
C'est dans cette commune qu'il était retourné vivre en septembre 2002, après sa libération pour raison de santé. Il avait quitté la grande maison de famille, qu'il avait vendue, pour s'installer dans un petit pavillon moderne banal sur un niveau, ceint d'un jardin, 44 rue... Arthur-Papon, du nom de son père.
Relativement silencieux samedi, les politiques ont réagi dimanche et c'est François Hollande, premier secrétaire du PS, qui a lancé les commentaires. "Maurice Papon est mort vieux et libre mais sans honneur et sans dignité", a-t-il dit, jugeant que "c'est le symbole de la collaboration de l'Etat français qui disparaît".
Philippe de Villiers, candidat du Mouvement pour la France (MPF) à la présidentielle, a déclaré pour sa part que le souvenir de Maurice Papon "ne doit pas salir l'image de la France".
Arlette Laguiller, candidate LO à la présidentielle, a souligné que Papon "avait sur la conscience non seulement les juifs déportés, mais aussi, on n'a jamais su combien d'Algériens massacrés lors d'une manifestation le 17 octobre 1961 à Paris" et "la mort de neuf manifestants communistes du fait de sa police au métro Charonne, en février 1962".
Pour José Bové, candidat de l'Alternative à gauche à la présidentielle, il "illustre les dérives d'une République toujours trop faible lorsqu'il s'agit de combattre l'antisémitisme et le racisme".
Sa mort "n'enlève rien à la douleur des personnes qui ont suivi ce procès" et "aux interrogations de ceux qui se demandent comment cet homme-là a été protégé pendant si longtemps", a affirmé la candidate des Verts, Dominique Voynet.
Serge Klarsfeld, président de l'association Les Fils et Filles des déportés juifs de France, a affirmé que Maurice Papon avait été "protégé avant et pendant son procès". "Heureusement Papon a vécu assez longtemps pour être jugé, condamné et aller en prison", a-t-il ajouté.
AFP - Paris
Titre et chapeau repris par la rédaction centrale
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