samedi 28 avril 2007

Débat à fleurets mouchetés entre Royal et Bayrou

Ton affable, sourires aimables et plaisanteries, le débat télévisé qui a opposé samedi Ségolène Royal et François Bayrou a davantage tenu du dialogue policé que de la foire d'empoigne.

Durant près de deux heures de discussion retransmise sur BFM TV et RMC, François Bayrou a toutefois marqué son "désaccord assez profond" avec le programme économique de la candidate socialiste, qui s'est dite déterminée à le mettre en oeuvre si elle est élue présidente de la République le 6 mai.
"Nous ferons un bout de chemin ensemble", a dit Ségolène Royal à la fin d'un exercice inédit en France où elle a dit voir le signe d'une "modernisation de la vie politique".
C'était la première fois sous la Ve République lors d'une élection présidentielle qu'un candidat éliminé au premier tour de scrutin, en l'occurrence le dirigeant centriste, débattait publiquement avec un des deux rivaux du second tour.



"Quel que soit celui qui va être élu, il aura besoin de faire travailler ensemble des courants politiques différents", a prédit François Bayrou.
"Aucun des problèmes de notre pays - ma main à couper - ne peut trouver de réponse si on n'est pas capable de dépasser ces affrontements", a insisté le président de l'UDF, pourfendeur du traditionnel clivage droite-gauche en France.



Incertaine tout au long de la semaine, prévue puis reportée et décriée dans le camp de l'UMP, cette rencontre a constitué pour Ségolène Royal une sorte de répétition générale avant le débat télévisé qui l'opposera mercredi soir à Nicolas Sarkozy.
Elle a été pour François Bayrou une occasion de se faire entendre malgré son élimination au premier tour. Ce que le candidat de l'UMP avait souligné vendredi en traitant le président de l'UDF de "mauvais perdant".

Se former une opinion
Tailleur blanc à rayures pour l'une, costume sombre pour l'autre, Ségolène Royal et François Bayrou étaient assis côte à côte à une table tendue de blanc, face à quatre journalistes.
L'élue socialiste et l'ex candidat à l'Elysée ont passé en revue les sujets de société dans le but affiché d'éclairer les indécis, et en particulier les 6,8 millions d'électeurs qui ont choisi François Bayrou au premier tour et dont Ségolène Royal a mathématiquement besoin pour espérer l'emporter dans huit jours.


"Je suis très heureux qu'on les ait aidés à se former une opinion", a dit le candidat centriste. De même, a souligné la présidente de la région Poitou-Charentes, "ce n'est pas une question de partis politiques ici, c'est une question de citoyens qui aujourd'hui réfléchissent au vote majeur qu'ils auront à accomplir le 6 mai".
Organisé dans les salons d'un grand hôtel parisien en présence d'une centaine de journalistes, le débat a commencé par une mise au point : pas question de parler de ralliement.
Ségolène Royal a dit ne rien attendre de la sorte de la part de François Bayrou, qui a confirmé qu'il ne donnerait aucune consigne de vote, même s'il se réserve la possibilité de dévoiler son choix personnel d'ici le 6 mai.


Entre deux accrochages policés sur les questions économiques, leur principal pomme de discorde, Ségolène Royal et François Bayrou ont souligné leurs points de rencontre sur l'Europe, les institutions ou encore la sécurité.
Sans insister sur la non-qualification du député béarnais au second tour, la candidate socialiste a rappelé qu'elle était en finale et que c'est son projet qui est dans la balance.
"Mon objectif ici n'est pas de chercher à convaincre François Bayrou puisque le pacte présidentiel que j'ai proposé sera mis en application si les Français me confient cette responsabilité", a-t-elle dit.


"Laissez-moi décider moi-même des convergences et des divergences avec la personne que vous venez de citer", a-t-elle lancé un peu plus tard à François Bayrou qui parlait d'affinités entre elle et Nicolas Sarkozy.
Apparemment à l'aise et souriants, tous deux ont plaisanté à plusieurs reprises, parlant "des goûts et des couleurs" à propos du drapeau tricolore ou faisant remarquer que le président de l'UDF avait le même prénom que le compagnon de Ségolène Royal, le premier secrétaire du PS, François Hollande.



PARIS (Reuters)

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