lundi 29 juin 2009

Les Lions Indomptables muselés par les Lions de l'Atlas



A l'occasion de la deuxième journée du dernier tour des éliminatoires couplées CAN et Coupe du Monde 2010, le Cameroun, qui avait pourtant besoin de se relancer dans la poule A par une victoire, a été neutralisé par le Maroc à Yaoundé. Le match nul vierge (0-0) concédé contre le Maroc compromet fortement les chances de qualification des nôtres.
Article publié le 8 juin 2009

Le stade Ahmadou Ahidjo avait pourtant fière allure dans la matinée de ce dimanche 7 juin, les alentours de la cuvette de Mfandena étaient parés aux couleurs nationales et aux initiales des joueurs du Cameroun. Dès 10 heures, le public assoiffé d'une victoire qui devait faire oublier la défaite du 28 mars dernier à Accra, face aux Eperviers du Togo, convergeait vers l'antre de l'omnisports. L'ambiance du jour nous rappelait des souvenirs très lointains. Ceux qui se précipitaient au stade croyaient sans doute que le duel Cameroun – Maroc ressemblerait à celui de 1981, lors des éliminatoires de la Coupe du Monde d'Espagne en 1982. C'était l'époque de Thomas Nkono, Mbida Grégoire dit Arantès, Roger Milla, Tokoto Jean Pierre, Maya Martin, Jean Manga Onguéné et autre Ndoumbé Léa François ou Ibrahim Aoudou. A l'époque, le Cameroun avait terrassé les Marocains en aller et retour, 2–0 à Kénitra à l'aller, avec un penalty repoussé par Thommy, 2–1 à Yaoundé au retour. Le stade Ahmadou Ahidjo était plein à craquer. Ce 7 juin 2009, on croyait revoir le stade plein, mais il n'en a rien été. Peu avant le coup d'envoi du Mauricien Rajindraparsad Seechurn, il y avait quelques signes précurseurs, l'échauffement d'avant match n'a pas eu lieu une heure avant la rencontre, il y a aussi eu des bagarres entre les gros bras de la Fecafoot, toujours taquins, et les forces de l'ordre à l'entrée principale du stade. Plus curieux, c'est Samuel Eto'o, le Pichichi manqué de la Liga, qui a fait tout seul sa première apparition à la main courante, pour haranguer ses nombreux fans. Au coup d'envoi, à 15h30 pile, le Cameroun entre timidement dans le match avec un ballon perdu à la première descente. Cinq minutes après le début des hostilités, un tir canon des Marocains échoue sur la barre transversale de Carlos Kameni, les supporters retiennent leur souffle. La fête ne fait que commencer. A la 9ème minute, cette fois, c'est une bourde du portier camerounais qui fait paniquer la défense des Lions Indomptables. Kameni a relâché un ballon anodin, ce qui a provoqué le trouble dans le dernier retranchement du Cameroun. Les Lions balbutieront durant cette première manche, sans rien réussir, en dehors de quelques montées et tirs non cadrés. La mi-temps interviendra sur le score de 0–0.

Les Lions cernés et brimés par les Marocains
Comme en première mi-temps, l'équipe nationale du Cameroun aura maille à partir avec la formation conduite par le Français Roger Lemerre, qui était lui-même sur un siège éjectable après la défaite contre les Panthères du Gabon à la première journée à Casablanca. Les Lions de l'Atlas donneront du fil à retordre aux Camerounais dans tous les compartiments, même si les nôtres trouveront de temps en temps de petites failles mal exploitées, la tâche leur sera ardue jusqu'au bout. Manque de cohésion, lourdeur dans les déplacements, replis inutiles dans notre propre camp, maladresse à la finition, collision entre les attaquants du Cameroun manquant d'inspiration, les Lions Indomptables ont fait passer une après-midi douloureuse au public sportif, qui s'attendait à autre chose de plus digeste. On peut aussi relever la difficile combinaison entre les nouveaux et les anciens, surtout au niveau de la ligne d'attaque. Il y a certes eu un but de Jean II Makoun, refusé pour un hors jeu peu évident, il y a eu une occasion de penalty pour une faute sur Paul Claudel Alo'o Efoulou dans la surface de vérité, mais pour mériter une victoire, il faut se surpasser et multiplier les fautes. L'ensemble l'équipe rajeunie de Thomas Nkono, comme tout le monde le souhaitait, n'a pas rempli son premier contrat, à cause des nombreux déchets qui ont laissé le nombreux public sur sa faim. A l'attaque, le virevoltant Alo'o Efoulou n'était pas vraiment dans son assiette, on peut le comprendre, c'était son premier match avec les Lions à Yaoundé. Le cadre Samuel Eto'o Fils n'a pas mouillé son maillot comme d'habitude, on accuse sa longue saison qui pèserait dans ses jambes, mais on se demande pourquoi il n'a pas été honnête en se faisant remplacer par Joseph Désiré Job qui aurait pu donner davantage, pour signer son grand retour.

La bataille manquée dans l'entre jeu
Au milieu de terrain, Jean II Makoun s'est battu comme il pouvait, Achille Emana a essayé de faire tourner l'entrejeu jusqu'à sa sortie, mais il n'a pas fini sa tâche. Le jeune Eyong Enoch s'est aussi battu, mais voulant trop porter le ballon, cela lui a valu beaucoup de passes à l'adversaire. De son côté, Aurélien Chedjou a montré de belles initiatives, mais il n'est pas sorti du lot. En défense, retour passable de Pierre Wome Nlend, qui a aussi quelques fois mis le pays en difficulté sur le flanc gauche. Gérémi Njitap ne cesse d'inquiéter par sa lourdeur due sans doute à l'usure du temps. Le capitaine Rigobert Song lui aussi continue de présenter des signes de fatigue au niveau de l'axe central. Par contre, celui qui a émerveillé le public par sa fraîcheur et sa jeunesse, c'est bien le bleu Nicolas Nkoulou, qui disputait son premier match officiel avec les Lions. Il a rassuré tout le monde par son jeu de tête, ses montées, ses interventions et sa rage de se mettre au-dessus des attaquants marocains. Naguère junior, puis surclassé chez les Espoirs aux derniers jeu olympiques de Pékin, Nkoulou Doubena Nicolas Julio rassure pour la relève en 2010. Dans la douleur de ce 7 juin, même les remplaçants n'ont pas fait mieux: Daniel Armand Ngom Kome, Stéphane Mbia Etoundi et Marcus Mokake n'ont pas fait la différence en prenant les places d'Emana, Chedjou et Alo'o Efoulou.
Au coup de sifflet final, les Lions Indomptables n'avaient plus l'esprit au stade. Les Marocains, qui les ont surpris, dansaient pour ce point remporté à l'extérieur. Les choses sont désormais compliquées pour le Cameroun, surtout avec la victoire du Gabon qui devient leader incontesté de ce groupe A. Il va falloir aller chercher la qualification à l'extérieur, en commençant par Libreville le 20 juin prochain. Thommy fait confiance à ses poulains, mais il faudra cravacher dur pour y arriver. Impossible n'est pas camerounais, car en 1989, sur la route de la Coupe du Monde 90, le Gabon avait déjà permis au Cameroun de se qualifier, en allant battre le Nigeria à domicile, ce scénario est encore possible. Allez les Lions!

Jean Charles Jérémie

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