mercredi 22 juillet 2009

Tour de France - Armstrong sur tous les fronts


Requinqué par sa performance sur la route de Bourg-Saint-Maurice mardi, Lance Armstrong a annoncé qu'il avait trouvé un parraineur pour 2010 et qu'il serait au départ du Tour l'an prochain. Comme quoi, maillot jaune ou pas, le Texan sait toujours rester le maître du jeu.

Lance Armstrong trouve toujours le moyen d'être le principal centre d'intérêt. Parfois sur le vélo. Parfois en dehors. Parfois simultanément. Comme mardi. L'Américain a créé l'évènement pendant la 16e étape en démontrant à tout le monde qu'il ne fallait pas l'enterrer trop vite sur ce Tour. Puis, dans la foulée, moins de deux heures après l'arrivée, il a annoncé qu'il allait rempiler la saison prochaine et qu'il avait trouvé un nouveau parraineur pour 2010 "et même au-delà". Avec son habituel sens de la mise en scène, Armstrong n'a pas voulu en dire plus, donnant à tous rendez-vous jeudi pour de plus amples informations. Seule certitude, ce Tour de France 2009 ne sera pas son dernier, ainsi que son manager, Mark Higgins, l'a affirmé à nos confrères de AP mardi soir. Et revoilà Lance sur le devant de la scène.
Si Armstrong est le meilleur communiquant du peloton, il reste également un coureur de premier plan. Le visage défait de samedi avait laissé place à un grand sourire à Bourg-Saint-Maurice. Pourtant, quand Andy Schleck a attaqué dans le col du Petit-Saint-Bernard, entraînant avec lui son frère et coéquipier Frank, mais aussi Alberto Contador, Andreas Kloeden et Bradley Wiggins, L.A. n'a pas réussi à leur emboîter le pas. On a cru qu'il allait dérouiller, comme à Verbier, perdre sa deuxième place au général et peut-être même sombrer. Rapidement, l'écart est monté à 30 secondes et l'affaire se présentait bien mal pour le septuple vainqueur du Tour. Puis Armstrong s'est peut-être souvenu que ce mardi marquait le 40e anniversaire du premier pas sur la lune de son illustre homonyme, un certain Neil A..

"Mercredi, ça va être terrible"
Alors, d'un seul coup, le champion d'Austin est sorti comme une furie du groupe où il se trouvait. Un peu plus d'un kilomètre plus loin, il avait repris Contador, les frères Schleck et les autres, qui avaient temporisé devant. Mais la facilité d'Armstrong et son impression de vitesse ont rappelé des images d'un passé que l'on croyait révolu. Bien sûr, il n'avait pas dynamité la course cette fois. Juste repris sa place au prix d'une énorme accélération. Du coup, Armstrong n'était pas mécontent de son petit effet à l'arrivée. "J'ai retrouvé du punch et de la puissance dans ce mouvement. Ca fait du bien", a-t-il confié.
Armstrong jure qu'il n'était pas réellement en difficulté quand le cadet des Schleck a accéléré. Simplement, il n'a plus forcément la capacité de réaction de ses grandes années. Il lui faut donc attendre le moment propice. "Il fallait que je trouve le bon moment. J'ai été un peu pris par surprise quand ça a accéléré. Je ne pouvais pas faire grand-chose alors je suis resté avec un groupe qui avançait pas mal. Ensuite, j'ai attendu que l'on retrouve des passages plus difficiles, à 8%, pour ne pas ramener tout le monde avec moi. Je me suis dit que la bagarre était devant et qu'il fallait que j'y aille. Je ne m'attendais pas à revenir aussi vite sur eux, mais je me suis vraiment bien senti!", a-t-il expliqué dans un grand sourire.

Du coup, le voilà toujours en position de dauphin de Contador au classement général. Dauphin, et toujours domestique, comme il l'avait dit presque en battant sa coulpe à Verbier? Oui et non. Armstrong est toujours clair sur le leadership, mais tant qu'il sera le premier poursuivant du Castillan au général, la porte sera toujours entrouverte, ne serait-ce qu'en raison des aléas du sport cycliste. "Alberto est invincible en ce moment", assure-t-il. Mais? "S'il venait à avoir un jour sans , lâche l'Américain, je crois que je pourrais prendre la relève pour l'équipe." Avant d'ajouter aussi sec, "mais je ne crois pas qu'il aura un jour sans." Ce n'est en tout cas pas dans les intentions de Contador, qui parle désormais clairement d'Armstrong comme d'un fidèle lieutenant. Pas moins, mais pas plus. "Quand Lance Armstrong est revenu sur le groupe de tête dans le Petit-Saint-Bernard, il a très bien fait. Finalement, je n'ai pas eu besoin de son aide, mais nous avons beaucoup parlé pendant la course et maintenant ça fonctionne de façon différente entre nous. Lance a été un très grand champion, il l'est toujours, et je pense qu'en se mettant à mon service en cas de besoin, il va se révéler un plus grand champion encore". Après la mise au pas dimanche, une mise au point en piqûre de rappel ne fait pas de mal.
Lance Armstrong avait compris dimanche que Contador était le plus fort. Cela n'a pas changé. Mais il voulait juste rappeler à son tour à son cadet que, lui aussi, était toujours là. "Ce que je sais, c'est que je me sentais beaucoup mieux que dimanche , note Armstrong, qui explique aussi avoir ajusté sa selle en hauteur, la remontant légèrement. Cela m'a permis de beaucoup mieux pédaler." Pour un peu, il serait presque impatient d'être à mercredi, pour l'étape du Grand-Bornand, là où il avait signé en 2004 sa dernière victoire dans une étape en ligne sur le Tour. Peut-être un signe? "Mercredi, ça va être terrible. Le jour le plus dur de ce Tour. Pour beaucoup, il n'y aura pas de lendemain." Mais Armstrong sait déjà que pour lui, il y aura non seulement un jour d'après, mais aussi une année d'après. Et il semble que cette nouvelle lui ait redonné un élan de jeunesse.

LA STAT: 43
Ils étaient 47 néophytes au départ du Tour de France 2009 à Monaco. A cinq jours de l'arrivée, ils sont encore 43 en course. Sur les 19 abandons enregistrés jusque-là, quatre "bleus" seulement ont tiré leur révérence: Jérome Coppel (Française des Jeux), Koldo Fernandez (Euskaltel), Robert Gesink (Rabobank) et Piet Rooijakkers (Skil-Shimano). Une sacrée performance pour ces coureurs qui découvrent la Grande Boucle et ses pièges. Le rythme peu élevé jusque-là dans les massifs explique sans doute ce chiffre. Parmi ses nouvelles têtes sur les routes estivales françaises, le mieux classé, et celui qui s'est le mieux illustré, reste Rinaldo Nocentini (AG2R), porteur du maillot jaune pendant huit jours. Un néophyte de bientôt 32 ans, aîné d'une promotion 2009 dont le benjamin est Rigoberto Uran (22 ans).

Laurent VERGNE / Eurosport,Eurosport - mer, 22 juil 10:10:00 2009

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