mardi 11 août 2009

Le docteur Abéga Théophile poussé à rendre enfin son tablier






Le président du conseil d’administration du Canon sportif de Yaoundé Abéga Théophile a démissionné de l’équipe la plus titrée du Cameroun, après 19 ans de pouvoir sans partage. L’ex président dit n’être plus capable de joindre les deux bouts. C’est un comité de réflexion qu’il laisse en place.
Dans le week-end du 9 août dernier, la rumeur qui circulait déjà sur son départ, s’est confirmée. Le puissant président du conseil d’administration des Mekok Me Ngonda, le docteur Théophile Abéga Mbida, a officiellement remis son tablier au Hilton hôtel de Yaoundé. En quittant la vieille machine de Nkolndongo, l’ancien capitaine de cette formation et des Lions Indomptables, n’a pas voulu prononcer le mot démission de sa part. Il a tenu à préciser qu’il passait juste la main, et qu’il ne s’agissait nullement de démission. Pour masquer ce départ inéluctable, le docteur Abéga a laissé en place un comité de réflexion qui est appelé à préparer la transition pendant 10 jours, avant l’assemblée générale ou le congrès qui se chargera de désigner son successeur. On retrouve dans ce comité, c’est la mode au Cameroun, Henri Claude Mvondo Mbédé et Célestin Mbobock qui a déjà été une fois au secrétariat de l’équipe en vain, il y a quelques années.

Pour expliquer son départ forcé aujourd’hui, Abéga Mbida Théophile parle de trop de responsabilités qui l’empêchent d’assumer ses fonctions de PCA, « le Canon ne badine pas, il faut avoir du temps pour le diriger. », relève t-il pour montrer qu’il était déjà excédé depuis plusieurs saisons. Il faut dire que l’ex PCA est à la fois maire de Yaoundé 4e, président de la section RDPC, parti au pouvoir, dans le même arrondissement du siège des institutions. Il venait aussi d’être propulsé à la tête de la chefferie de 3e degré de son quartier de résidence à Nkomo. Le maire ne savait plus à quel saint se vouer pour s’en sortir, il a donc préféré prendre la poudre d’escampette, plutôt que de mourir. Il parle d’un conseil fantôme qu’il présidait, des caisses qui étaient vides. On peut y ajouter que le vieux fusil manquait de munitions à chaque partie de chasse et était composé d’un entourage qui n’avait rien à voir avec les pratiques professionnelles. La réalité est que la grande famille du Canon de Yaoundé voulait déjà le départ du maire qui confisquait l’équipe depuis des décennies. S’étant créé son propre petit monde dans l’équipe, tous les grands membres, tous les supporters et sympathisants, hormis les inconditionnels, avaient carrément tourné le dos au Kpa-kum qui frôlait la relégation presque chaque année.

Peut-être le retour du Canon grand stade
Il y a 20 à 25 ans on n’a plus parlé de la grande formation qui terrifiait tous les clubs en Afrique, le Canon n’était plus que l’ombre de lui-même. Par la piètre qualité des joueurs recrutés, par la qualité très douteuse de sa gestion interne et par la paupérisation qui coiffait la formation. Comme résultat, après la vente sauvage des joueurs orchestrée par ses prédécesseurs, le docteur Abéga qui ne pouvait plus rémunérer les enfants ni les primer, n’avait plus la maîtrise du groupe. La plupart des joueurs quittaient le bateau tumultueux à la fin de chaque saison sans crier gare, les coaches aussi comptaient leurs jours à la signature du contrat. Certains joueurs préféraient se faire placer par des agents inconnus, juste pour trouver de quoi vivre hors des entrailles des vert et rouge de Nkol-Ewoé, où est situé le stade malien qui sert de terrain d’entraînements à la formation en panne. Chose curieuse, le Canon manque même de siège social, c’est tout dire.
Il y a trois ou quatre ans, les batailles autour de la reprise du Canon des mains d’Abéga Théophile ont fait rage à Yaoundé, les repreneurs étaient nombreux, on citerait Me Charles Nguini, Jean Manga Onguéné, Emmanuel Mvé Elemva et bien d’autres, sans oublier l’épilogue de Thomas Nkono qui voulait introduire les Espagnols dans le club, pour le financement de ses activités. Mais toutes ces batailles avaient tourné au vinaigre à cause du campement de celui qu’on appelle affectueusement Dobra, docteur en langue Ewondo, à la tête du Canon. Jean Manga le représentant de la Fifa en Afrique centrale avait même juré sur la tombe de son feu père de ne plus jamais mettre ses pieds dans cette équipe, tout comme Louis Marie Ondoa et tous les autres, Nguéa Enongué Jacques, Mfédé Louis Paul, Akono Jean Paul, Mbida Grégoire, Emmanuel Kundé, Omam Biyick François, Jacques Songo’o, Ebwelle Bertin, Aoudou Ibrahim ou même Jacques Roux, mais sait-on jamais. L’heure est maintenant à la reprise et surtout au bon choix, sinon le Canon risque de sombrer comme le TKC qui est enfoncé dans les profondeurs de la super D2 aujourd’hui, à cause des mêmes confusions dans la gestion. Malgré sa loi, le docteur Abéga a remporté trois coupes du Cameroun, 93, 95 et 99.
Le départ d’Abéga comme celui d’Essomba Eyenga du Tonnerre et Pierre Kamdem de l’Union de Douala marquent peut-être le début d’une ère nouvelle pour ces clubs mythiques qui ont fait la fierté du pays mais qui ne savaient plus où mettre la tête. C’est vrai qu’il y a un temps pour toute chose.
A signaler qu’après la disparition du membre patrice Ekoa Ekoa Armand, le Canon s’apprête à inhumer l’un de ses valeureux joueurs le 29 août prochain, il s’agit d’Emana René, alias Marco Molitor Essuie-glaces, qui était l’un des fins dribleurs que la planète n’ait jamais connu. Marco était aussi le père du Lion Achille Emana.

Jean Charles Jérémie

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