samedi 20 janvier 2007

Le courage et la lâcheté: Nos préoccupations

L’Afrique au carrefour du courage et de la lâcheté. L’éloge du Courage comme vertu
Pour affronter le présent et les temps nouveaux


Mesdames et Messieurs
Chers amis européens
Chers frères et sœurs des communautés du tiers monde,
Amis de la culture.

Nous vous saluons et vous remercions d’avance pour l’intérêt et l’attention que vous accorderez à la présente communication, portant sur les différentes facettes du courage que nous aurons tous besoin pour sortir de la lâcheté afin d’affronter le vivre ensemble et les temps nouveaux.

Nous vivons dans un monde d’impostures, un monde obscure et incertain que l’on dit entre chien et loup, la facilité, la médiocrité, la lâcheté, la corruption, la compromission, la forfaiture et la méchanceté gratuite ont pris de l’avance sur la raison, le bon sens, la justice, la paix. la simple fraternité humaine et le courage de vivre ensemble dans un monde qui nous appartient tous, sont devenus des rêves inaccessibles à notre génération.

Nous avons vu des peuples entier célébrer le courage et le mérite des sportifs, des soldats qui ont conduis leur régiment à la victoire face à l’ennemi, nous avons vu des peuples honorer un scientifique pour sa contribution au bonheur commun de l’humanité. Ne parlons même pas des artistes et des écrivains que nous célébrons pour avoir retrouvé l’humanité de l’homme dans leurs créations.

Et pourtant nous vivons un siècle qui fait de nous les comptables de la lâcheté des gouvernements. La lâcheté des hommes s’étale chaque jour devant nous et nous faisons semblant de ne pas la voir. C’est ainsi que la bête immonde s’est emparée de nos vies, comme si nous étions dans un film d’horreur ou dans un cauchemar qui nous rappelle que nous vivons dans un monde qui a perdu la raison.
En vérité c’est la réalité qui est odieuse et non celui qui la décrit. A titre personnel, nous n’avons pas l’étoffe d’un héros.

En raison d’une morsure de chien pendant notre enfance, aujourd’hui encore nous faisons des détours pour éviter un chien sans maître errant dans la rue, le courage physique n’est pas notre domaine de prédilection, cela nous pousse souvent à Admirer les peuples courageux, les hommes et des pays qui ont le sens de l’honneur, qui respectent la parole donnée et qui n’utilisent pas leur positions pour écraser les plus faibles.

Voilà pourquoi nous admirons le courage moral, physique et social quand nous la retrouvons chez des hommes qui par leurs engagements nous incitent à croire à l’humanité de l’homme et à croire aussi que la lâcheté reculera et que la morale humaine l’emportera sur le cynisme, l’opportunisme, le mépris, la compromission, la forfaiture et le profit à tout prix.

Le courage moral À Grenade

Le courage morale, nous le retrouvons dans la personne du Cheick Astaghfirullah, le prédicateur de la grande mosquée de Grenade, et chef spirituel des musulmans andalous. Après la chute de sa ville le 22 octobre 1492, devant les troupes castillanes de Ferdinand et Isabelle la catholique.

Il supervisa le départ de ses coreligionnaires, avant de quitter sa ville natale avec une petite provision de dattes, d’eau et de vivres ainsi qu’un exemplaire du saint Coran. Il refusa de vendre sa maison et ses biens, il était habillé simplement et c’est avec dignité qu’il quitta Grenade sans un regard en arrière pour sa cité natale.

Le Courage du Roi de Sikasso dans le Mali actuel

Le courage moral, c’est aussi, quand notre frère Babemba Traoré, le Roi du Kénédougou dans sa capitale Sikasso assiégée par l’artillerie des troupes coloniales françaises, Il mène une résistance féroce qui s’achève par la chute de sa ville le 1er mai 1898.

Il décide alors de se suicider, préférant la mort à la honte et au déshonneur. Ce geste et la résistance farouche qu’il oppose à l’occupation française font de lui un héros, encore adoré de nos jours, le stade de Sikasso porte d’ailleurs son nom.

Les Traoré forment encore de nos jours, une des plus vieilles familles d’Afrique occidentale qui, est cité en exemple pour son courage face à l’adversité. Ils vivent au Mali, En Guinée, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, et au Burkina Faso. Ils n’ont jamais goûté au pain moisi de la lâcheté bon marché, celle qui consiste à trahir son pays pour de l’argent.

À Montgomery aux USA

Soulignons le courage de notre sœur, Rosa Parks, une ouvrière noire, qui le 1er décembre 1955, dans la ville de Montgomery aux USA, refuse de céder sa place à un homme blanc dans un autobus. Elle est arrêtée et vous connaissez la suite, le boycott des autobus de Montgomery.

Qui entraînera l’ascension de notre frère le pasteur Martin Luther King et le formidable mouvement des droits civiques des afro-américains. Certes le chemin est encore long, les inégalités demeurent encore dans la société américaine, mais les noirs ne sont plus des bêtes de somme. Tout le mérite de Rosa Park se trouve dans cet projet d’une société américaine juste et vivable pour toutes ses composantes.

Le Courage de Djamila Boupacha,

L’engagement et le courage des femmes sont souvent déterminants dans le triomphe de la cause de la liberté, nous voulons évoquer brièvement ici le cas de Djamila Boupacha, une jeune Algérienne de 21 ans, agent de liaison du FLN pendant la guerre d’Algérie, elle a été séquestrée, torturée, violée avec une bouteille de bière par quatre parachutistes de la très brave armée française.

Les bouts de ses seins furent brûlés à la cigarette et malgré ce traitement ignoble et indigne d’une armée de tortionnaires, Djamila n’a pas parlé, elle n’a pas donné les noms des membres du réseau de résistants auquel elle appartenait, les militaires français dans une lâcheté qui dépasse l’entendement, se relayaient pour la violer, elle qui était vierge à l’époque des faits. C’est une lâcheté indigne d’une armée d’un pays qui se dit civilisé et qui prétend être la conscience du monde.

Cela nous fait dire ici qu’une armée de violeurs et de tortionnaires ne peut pas défendre la nation quand elle est menacée, c’est ce qui explique l’occupation facile de la France par l’Allemagne en juin 1940. La France a également perdu la guerre d’Indochine et aussi celle d’Algérie malgré l’utilisation de la torture et la qualité de son armement. Elle avait oublié la détermination des peuples dans leurs marches inexorables vers la liberté.

Nous ne rappelons même pas ici de la cruauté des opérations de ratissage, des hommes, des femmes et des enfants mitraillés, brûlés vifs dans leur maison et leur village, ni de ceux abattus, égorgés ou éventrés. Ne parlons même pas du viol des femmes devant leurs enfants pleurant de peur et de honte. La honte devant la lâcheté et le comportement indigne des militaires français qui étaient sensés protéger les populations civiles.

Des tribus entières livrées à la faim et au froid. Des ratonnades et la chasse à l’homme dans les rues d’Oran. Bref la France officielle a couvert et niée pendant plusieurs décennies durant l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie, jusqu’à ce qu’un général Français au nom sinistre de Paul Aussaresse, publie ses mémoires.

Il étale alors au grand jour dans un triomphalisme méprisant, les exécutions sommaires et les actes de tortures qu’il a perpétré contre les algériens en lutte contre le colonialisme français. Djamila Boupacha a survécue à cette armée de monstres, nous avons voulu relever ici le courage d’une femme.

À Prague en Tchécoslovaquie

Le courage moral et physique, se retrouve aussi dans le geste hautement moral de Jan Palach, cet étudiant tchèque de la faculté des lettres de l’université Charles de Prague, qui s’est immolé par le feu le jeudi 16 janvier 1969, sur la place Wenceslas de Prague pour protester contre l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du pacte de Varsovie et contre la léthargie croissante de la nation.

Attention, nous ne sommes pas ici entrain de faire l’éloge de la défaite et du suicide, comme démarche politique. Le suicide de Jan Palach n’a pas grand chose à avoir avec la négation de la vie de ceux qui se coupent les veines dans leur baignoire par dépit amoureux ou par ce qu’il se sentent exclus de la société, non soyons sérieux.

C’est un geste bien réfléchi. Il n’a pas agit pour lui-même, il a agi pour entraîner une réaction de la part de ses concitoyens, il n’a pas été entraîné par une sorte d’engrenage, comme dans les autres cas de suicides : son acte est posé. En ce sens on ne peut que difficilement le contester car il était en possession de tous ses moyens.

Palach avait le droit en tant qu’homme conscient de disposer de sa vie, et donc de sa mort, en toute liberté, ce qu’il a fait. Son acte, paradoxalement n’était pas destructeur, il se voulait et a été dans un certain sens constructeur. C’était, en pleine époque de contestation de la société de par le monde, de faire entendre sa cause, de réagir.

Jan Palach est mort pour entrer dans l’histoire, car il n’a pas simplement disparu, son action se place à l’opposé d’une quelconque volonté d’oubli. Il est rentré dans l’histoire, il a atteint cette éternité à l’échelle humaine. En tant qu’être vivant, à priori il serait un jour ou l’autre mort en tant qu’homme conscient, il le savait. En choisissant de se servir de cette condition d’être humain, Palach fait un pied de nez à tous ceux qui s’accrochent à la vie mais meurent plus que lui, car ils meurent passivement.

Sa mort est un crie pour la vie, un appel au secours pour sauver la vie de ses compatriotes. Plus encore, le vrais message de Palach, celui qu’il a laissé au monde, c’est que la vie sans la liberté, la vie telle qu’il la connaissait sous le joug de l’ogre soviétique était pire que la mort, cette vie ne valait pas la peine d’être vécue. La suite des évènements d’Europe de l’est le confirme effectivement.

C’est exagéré sans doute, c’est presque fanatique, car bien sûr rien ne vaut plus cher que la vie. Mais soyons réaliste, est-ce que vraiment s’il avait choisi comme d’autres de rester vivant, aurait-il eu le même poids ? Aurait-il été aussi bien entendu ? Il y a des moments dans la vie ou qui perd gagne.

Le suicide de Jan Palach, n’est pas une négation de la vie, car il n’entraîne pas ceux qui partagent ses idées à le suivre. Si tous les étudiants du monde se suicidaient à chaque fois que la liberté était remise en cause, leur action serait banale et n’aurait pas de sens.

Regardez les Kamikazes arabes, le monde entier désapprouve leurs actions suicides, ils banalisent leur cause sans le savoir, car ils pensent par la barbarie accéder à un royaume meilleur où ils seront plus heureux, Palach lui veut le triomphe de la vie sur terre et de la liberté pour son peuple.

En d’autre terme nous pensons que le suicide de Jan Palach, est un acte admirable, héroïque qui a fait bouger les choses et nous rendons hommage aujourd’hui encore à cet étudiant tchèque qui a marqué l’histoire de son pays en trouvant une voie pour arriver à ses fins et par la même, cette voie est devenue pour nous autres africains, pauvres imbéciles de la francophonie, qui vivons encore sous les griffes de l’ogre Français, une voie de résistance.

Dans le même cas de figure un autre suicide à l’autre bout du monde, nous éclaire sur le fascisme rampant et la barbarie perpétrés par des gouvernements des nations qui se disent démocratiques contre la volonté des peuples d’Afrique et d’Amérique latine de vivre une vie simplement digne et humaine.

Le courage devant la félonie à Santiago du Chili

L’écrasement de l’unité populaire chilienne et le suicide du président Salvador Allende sont aussi des exemples pathétiques de la mort comme moyen de lutte et de résistance face aux adversaires internes et externes de la liberté des peuples.

Le 11 septembre 1973 à 09h30 le palais présidentiel chilien est assiégé par l’armée dirigé par un général félon, fasciste et fascisant au nom sinistre d’Augusto José Ramon Pinochet Ugarte, soutenu par les USA. Les militaires chiliens qui hier encore juraient fidélité au président Allende, bombardent le palais présidentiel devenu en ces instants dramatiques le dernier symbole de la légalité Républicaine.

Les putschistes ne laissent qu’un seul choix au président de la République, s’exiler. Ce dernier s’y refuse. Il fait évacuer sa famille et le personnel du palais de la Moneda et se donne la mort, version officielle de ce coup d’Etat décidé et financé depuis Washington, par Nixon et Henri Kissinger.

À Santiago les nouveaux maîtres du pays parquent des milliers d’hommes et de femmes dans des stades. En quelques heures, des milliers de morts et des disparus. Ne parlons même pas de l’humiliation et de l’errance des réfugiés chiliens qui demandaient l’asile politique aux USA, au Canada et dans les pays de la communauté européenne.

L’ironie de l’histoire est que les USA, à force de semer la mort chez les autres seront eux aussi victimes un autre 11 septembre 2001 vers 09h30 d’avions suicides pilotés par des Kamikazes arabes qui n’avaient qu’un seul but, faire goutter à l’Amérique triomphante le goût amer de la méchanceté gratuite et du mépris qu’elle a exporté sans retenu pendant de nombreuses années chez les autres.

Le courage, ce n’est pas de montrer ses pectoraux et d’écraser les faibles. C’est être du côté de ce qui est juste, c’est le manque de morale qui est à la base des drames que nous vivons ici bas.

Mais dans de pareils cas il est mieux d’écouter ici le dernier discours à la nation du Dr salvador Allende Gossens, sur les ondes de Radio Magallanes. << Je paierais de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie. La honte tombera sur ceux qui ont trahis leurs convictions, manqué à leur propre parole et se sont tournés vers la doctrine des forces armées. Le peuple doit être vigilant, il ne doit pas se laisser provoquer, ni massacrer mais il doit défendre ses acquits.

Il doit défendre le droit de construire avec son propre travail une vie digne et meilleure. Au nom des plus grands intérêts du peuple, au nom de la patrie, je vous appelle pour vous dire de garder espoir. L’histoire ne s’arrête pas, ni avec la répression, ni avec le crime. C’est une étape à franchir, un moment difficile.

Il est possible qu’ils nous écrasent mais l’avenir appartiendra au peuple, aux travailleurs. L’humanité avance vers la conquête d’une vie meilleure. Plus loin le président poursuit : le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et se laisser humilier. Travailleurs ; j’ai confiance au Chili et à son destin.

D’autres hommes espèrent plutôt le moment gris et amer où la trahison s’imposera. Allez de l’avant sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure.

Vive le Chili, vive le peuple, vive les travailleurs !
Ce sont mes dernières paroles,
J’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain
Et qu’au moins ce sera la punition morale pour la lâcheté et la trahison >>

33 ans plus tard l’opprobre et le discrédit se sont abattus sur le militaire putschistes, le général Pinochet à quitté le monde des vivants sous les hués d’une foule en colère, dans la honte, le déshonneur et le mépris du monde entier. L’histoire retiendra de lui qu’il fut l’auteur d’un immense bain de sang et le collabo défenseur des intérêts étrangers contre la liberté du peuple Chilien.

Le courage sportif au stade Azthèque de Mexico City

Le 17 juin 1970, se déroule dans le mythique stade Aztèque de Mexico city la fameuse demi-finale de la coupe du monde de Football entre l’Italie et la RFA. Mené 1-0 par l’Italie jusqu’à la dernière minute, l’Allemagne parvient à égaliser lors des arrêts de jeu et emmène la demi-finale dans la prolongation la plus dantesque de l’histoire du football.

Alors qu’il s’est déboîté l’épaule depuis la 67ème minute de jeu, Frantz Beckenbauer, le bras en écharpe revient sur le terrain sans pour autant faire de la figuration. L’image a fait le tour du monde, les téléspectateurs du monde entier souffrent en émotions et admirent le capitaine Allemand qui serre les dents et porte sa douleur dans la dignité.

Pendant les deux mi-temps de prolongation, les deux équipes vont multiplier les attaques et inscrire 5 buts, finalement, alors que c’est l’Italie qui rejoint le Brésil pour la finale en emportant le match par 4-3, c’est pourtant Beckenbauer qui rentre dans l’histoire et devient le Kaiser.

Le courage exemplaire dans la douleur, l’attachement au maillot et aux couleurs nationales, le don de soit du capitaine qui ne quitte pas le navire malgré la tempête, donnent une autre dimension au football moderne.

Le football, ce jour là avait cessé d’être un jeu, mais une responsabilité pour celui qui porte le maillot national, il doit donner le meilleur de lui même pour porter son équipe le plus loin possible dans la compétition sportive qui, doit être sans haine, ni violence, ce courage là nous le réclamons tous aujourd’hui de tous nos sportifs dès qu’ils représentent la nation, c’est à ce prix que le sport et surtout le football sera un ciment dans la construction de la grande fraternité humaine.

Le courage professionnel

Certains métiers nécessitent un courage quotidien, le policier qui poursuit un bandit sait à l’avance que ce dernier ne lui fera pas le moindre cadeau, le courage qu’exige la profession de sapeur Pompier force notre admiration pour ce métier exemplaire ou le don de soi est en première ligne pour affronter un incendie dans un immeuble et y sauver dans la mesure du possible des vies humaines.

On les voit découper en bordure de route un amas de ferrailles pour y extraire un accidenté de la route, méconnaissable parce que le visage tuméfié, respirant à peine ou déjà mort, on les voit plonger en plein hivers dans une rivière pour y sauver une personne emportée par le courant.

Ils exercent des métiers difficiles qui exigent au quotidien un engagement courageux face aux épreuves que leurs imposent la profession. Nous voulons avoir ici une pensée pour les sapeurs-pompiers de New York dont plus de 300 périrent dans les attentats du 11 septembre 2001.

Le courage Physique à Lod

Il y a des situations dans la vie ou les circonstances peuvent conduire un homme à faire preuve d’un courage physique sans calcul, ce qui fait de lui un héros. L’attentat de Lod-Tel-aviv nous en donne un moment pathétique de ce courage physique qui n’habite pas au fond de chacun d’entre nous.

Un courage physique exemplaire et extraordinaire se manifeste au soir du 30 mai 1972 à l’Aéroport de Lod près de Tel-Aviv en Israël, le vol Air France n0 132 assurant la liaison Paris-Rome-Tel-Aviv, venait d’atterrir, il est 21h30. Les passagers franchisent successivement le contrôle des passeports et de la police, puis se massèrent autour du tapis roulant en attendant l’apparition de leurs bagages.

Trois passagers qui sont des étudiants japonais membres de l’organisation terroriste, Armé rouge japonaise, attendaient eux aussi au milieu d’eux. Et nul ne sut exactement quelles furent leurs pensées à ce moment-là. Dès qu’ils eurent récupéré leurs valises dans le tohu-bohu habituel et le va-et-vient des chariots, ils les ouvrirent calmement.

Les armes étaient au-dessus, même pas dissimulées par les vêtements. Ils sortirent des PM (Pistolet-Mitrailleuses). VZ 58 de fabrication tchécoslovaque, avec 12 chargeurs de trente cartouches et plusieurs grenades F1, qu’ils dégoupillèrent tranquillement avant de les lancer dans la foule.

Les explosions firent trembler les murs et leur écho n’était pas encore assourdi qu’enchaîna le crépitement des armes automatiques.
Des gens se jetèrent au sol, hommes, femmes et enfants mêlés, fauchés par les projectiles, au milieu des débris, des valises éventrées, des cris et du sang qui devient très vite noir sur le sol.

Les baies vitrés s’effondraient sous les impactes et ceux qui s’étaient massés derrière pour attendre les arrivants étaient tués ou blessés à leur tour. L’un des japonais étais mort, d’une balle perdu et l’autre agonisait la gorge ouverte par les éclats de sa propre grenade.

Pétrifiés et presque anesthésiés par ce spectacle de démence, les services de sécurité de l’Aéroport n’osaient se servir de leurs armes de crainte d’augmenter encore l’affolement et le nombre des victimes. Le dernier japonais survivant jeta sa mitraillette et se précipita à l’extérieur, une grenade dégoupillée à la main. Il la lança sous un avion de ligne scandinave. L’engin n’explosa pas. Le terroriste s’enfuit lâchement dans la nuit.

C’est là que va se jouer une scène incroyable de courage exemplaire, digne d’un film de OSS 117. Un jeune homme employé de la Compagnie aérienne israélienne, El Al, va s’élancer derrière le terroriste qui court droit devant lui, sans savoir qu’il est encore armé ou non, va le rattraper dans la pénombre du tarmac, lutte avec lui au corps à corps, le maîtrise d’une prise de judo et le livre à la police.

Il faut citer le nom de ce jeune homme parce qu’il n’y a pas que des crapules, des salauds et des assassins ici bas. Il s’appelle Claude Zeitoun, il avait 26 ans et 5 enfants. C’est un héros, un vrai. Avec ce geste se termina la tragédie de Lod, l’une des plus sauvages de l’histoire du terrorisme internationale.

Nous avons voulu ici rappeler le courage physique d’un homme qui n’a pas démissionné face à l’exigence de sécurité pour son pays et ses compatriotes. L’attenta de Lod avait coûté la vie à 26 personnes et blessées gravement 120 autres personnes, dont certains sont resté handicapés à vie.

Le Courage social des paysans Africains

Nous voulons saluer ici le courage de nos parents paysans du milieu rural en Afrique au-delà de l’indignation que nous éprouvons pour le sort qui leur a été réservé par nos gouvernants, leur dignité ne s’est pas émoussée. Après les indépendances, nos pays ont fait le choix de privilégier les cultures d’exportation, café, cacao, coton, hévéa, banane, arachide, thé, soja etc… Tout cela pour satisfaire les besoins des autres à des prix fixés par eux. Ce choix est certainement la plus grande stupidité de notre histoire récente.

L’histoire du développement partout où il a été possible, nous montre que les gens produisent d’abord pour se nourrir et satisfaire leurs propres besoins et vendent le surplus aux autres dans le cadre de la réalité marchande qui régit les échanges entre les hommes et les peuples.

Consacrer nos meilleures terres pour cultiver afin de satisfaire les besoins des autres est une immense erreur de la part de nos pays africains. Si les français, les canadiens ou les allemands en hivers n’ont pas du café à boire, cela ne doit pas être notre problème, car la vie nous enseigne que chacun doit chercher d’abord à satisfaire ses propres besoins avant de se préoccuper des autres.

C’est donc les choix stupides de nos gouvernements corrompus et médiocres qui ont contribué à l’appauvrissement de nos parents paysans, ruinant nos meilleures terres pour finalement nous retrouver au bord de la route à quémander pour vivre sous les regards méprisant des autres.

Notre manque de courage et notre incapacité à faire des choix clairs ont plongé nos paysans dans un complexe d’infériorité épouvantable. Alors qu’ils étaient notre avenir, nous avons fait d’eux les victimes de notre lâcheté, de notre manque de courage et de notre incapacité à voir loin.

Nos parents paysans sont aujourd’hui déboussolés, du préfet au sous-préfet en passant par l’encadreur agricole, tout ce beau monde est allé dans nos villages pour les encourager à plus d’efforts pour produire des cultures de rentes dans lesquelles il n’y a plus d’avenir.

Ils sont perplexes et résignés devant un Etat, qui est fondamentalement prédateur, un Etat éloigné de leurs préoccupations, un Etat qu’ils trouvent méprisant, hautain et lointain. Si rien n’est fait pour corriger cette situation, le risque est réel de les voir s’organiser à moyen terme pour se passer de l’Etat prédateur qui est la source de leurs malheurs.

C’est au nom de leurs souffrances, que nous devons prendre le peut de courage et de dignité qui nous reste pour contester les politiques agricoles actuelles de nos pays africains et exiger la nécessité de rompre avec les pratiques de monocultures de rentes et de privilégier au contraire l’agriculture vivrière qui s’impose à nous dans la jungle du monde actuelle.

Il faut penser à un modèle alternatif parce que les économies africaines sont des économies agricoles ainsi qu’un nouveau mode de gestion des terres. Il faut replacer les exploitations familiales au cœur des politiques agricoles. C’est une simple question de bon sens.

Pour permettre l’invention d’une société rurale où les paysans vivront dignement de leur travail et participeront au niveau local à une vie démocratique qui les rapprochera des centres de décisions pour ne pas faire d’eux les oubliés du progrès. Nous avons voulu ici exprimer ces choses simples pour nous rapprocher de leurs combats quotidiens.

La lâcheté est le contraire du courage.

Dans les temps anciens, on coupait la langue du menteur, on coupait la main du voleur et on pendait le faux témoin, le lâche, car le lâche c’est, celui qui renie sa propre parole et qui manque à son devoir d’homme. Être lâche , c’est manquer de courage.

La vie sur terre nous donne souvent l’occasion de voir de nos yeux le mal, cela nous fait apprécier le bien. La stupidité nous fait apprécier l’intelligence dans l’être humain. La félonie nous fait apprécier la sincérité des hommes et des nations.

C’est pourquoi nous voyons la nuit pour mieux apprécier le jour, le silence pour que la parole ait un sens, la maladie pour que la santé ait un sens, la guerre pour que la paix ait un sens, la mort pour mieux apprécier la vie et nous remercions tous Dieu de nous avoir donné la fatigue et les peines pour que le repos et la joie aient un sens.

Nous allons évoquer ici deux cas de lâchetés difficilement pardonnables. Le silence et l’indifférence du Vatican pendant la seconde guerre mondiale. Et bien sûr la lâcheté et le mépris du gouvernement français vis à vis des peuples africains de l’espace dit francophone. Qui sont aujourd’hui dans un dénuement, comparable à des oisillons poursuivis par des faucons.

Concernant le Vatican dont on dit qu’il abrite le Saint Siège

Au moment où de nombreux pays européens étaient abattus et occupés, la hiérarchie de l’église catholique, prostré dans les ors du Vatican à observé un repli sur soit, une indifférence et un silence complice devant la barbarie nazie. Nous le disons aujourd’hui sans gêne, l’église a manquée de courage et de compréhension devant l’immense drame planétaire qui se déroulait sous ses propres yeux.

Le Saint siège oubliait-il que ce drame menaçait l’avenir même du christianisme ? Pourtant parmi les fidèles et chez beaucoup de non- catholiques, l’attente était considérable de paroles d’église rappelant, au milieu de la confusion des esprits, le message de Jésus-Christ.

Dans leur majorité, les autorités spirituelles, empêtrées dans un loyalisme et une docilité allant bien au-delà de l’obéissance traditionnelle au pouvoir établi, sont restées cantonnées dans une attitudes de conformisme, de prudence et d’abstention, dictée, pour une part, par la crainte de représailles contre les œuvres et les organisations catholiques.

Elles n’ont pas pris conscience que l’église, alors appelée à jouer un rôle de suppléance dans un corps social disloqué, détenait en fait un pouvoir et une influence considérable et que dans le silence des autres institutions, sa parole pouvait, par son retentissement, faire barrage à l’irréparable.

Nous ne jugeons pas ici les consciences, ni les personnes de cette époque, nous n’étions même pas vivants au moment des faits qui se sont passés hier, mais nous devons apprécier les comportements et les actes. Car c’est finalement de notre église qu’il s’agit.

Et nous sommes obligés de constater aujourd’hui objectivement que des petits intérêts ecclésiaux mesquins l’ont emporté sur les commandements de la conscience. Aussi nous sommes en droit de nous demander pourquoi ? Et nous interroger sur les origines de cet aveuglement.

Il s’agit ici d’une prise de position intellectuelle, morale et spirituelle qui, se veut très claire, et qui ne doit pas laisser de place à l’ambiguïté. Dieu lui même, sera de notre côté le jour du jugement quand il nous verra humblement devant lui portant sur notre épaule la pancarte de la vérité, qui dénonce la lâcheté de son église à un moment où le courage s’imposait à la conscience humaine.

La prédication et les stéréotypes anti-juives, que les responsables de l’église ont laissé si longtemps se développer dans la chrétienté l’enseignement du mépris pour des juifs, c’est sur ce terreau qu’a fleuri la plante vénéneuse et anti-juive qui a coupablement entretenus dans le peuple chrétien le processus historique qui a conduit à la Shoah. Ne pas le dire c’est se voiler la face et vouloir cacher le soleil avec les mains.

A tous ceux qui voudraient nous contredire sur ces points précis, nous disons ici que des traces existent, c’est un fait bien attesté que pendant des siècles, a prévalu dans le peuple de la chrétienté, jusqu’au concile romain Vatican II, une tradition anti-judaïsme marquant à des niveaux divers la doctrine et l’enseignement de l’église catholique.

Nous ne voudrons pas nous étendre sur ces faits avérés, l’église a failli à sa mission éducatrice des consciences en gardant un silence coupable devant des évènements aussi dramatiques. Nous confessons aujourd’hui avec elle que ce silence fût une faute. Qui lui fait porter la responsabilité de n’avoir pas porté secours, dès les premiers instants, quand la protestation et la protection étaient encore possibles et nécessaires.

Sur ce sujet, François Mauriac résume mieux notre propos <<>>.

La lâcheté le mépris et le manque de courage de la France

Dans la méchanceté criminelle et les énormes souffrances que l’Afrique a connues dans l’histoire difficile de ses relations avec le monde occidental, nous ne reviendrons pas ici sur l’esclavage, la colonisation, les travaux forcés et le mépris continuel des occidentaux pour le monde négro-Africain.

Les africains de l’espace francophone retiendront pour longtemps deux faits majeurs. Le refus de la France au lendemain de la guerre de verser une pension digne de ce nom aux soldats africains qui ont combattus dans ses propres rangs pour la défendre contre l’occupation allemande. Ce fut un acte d’ingratitude et de lâcheté indigne d’un pays qui se dit civilisé.

Le Général de Gaulle aimait certainement son pays, mais son incapacité à trouver une solution humaine à un problème aussi simple, nous fait douter de sa bonne foi envers l’Afrique, nous n’oublierons jamais son mépris et sa lâcheté vis-à-vis des anciens combattant africains.

Manquer à ce niveau de responsabilité d’honorer la parole donnée, à de pauvres gens dont certains sont retournés chez eux Mutilés et invalides, est une forfaiture et un manque de courage politique que nous inscrivons aujourd’hui en bonne place dans les relations futures que notre continent veut entretenir avec la France néo-coloniale.

Nous n’avons rien à foutre des reconnaissances tardives, qui surviennent quand les trois quart des anciens combattants africains sont déjà morts. Nous retenons l’ingratitude et le mépris d’un pays de bonimenteurs, un pays indigne et sans honneur, qui se gargarise au quotidien d’être la patrie des droits de l’homme alors qu’il est incapable du simple bon sens.

La France se targue aujourd’hui encore d’être le pays de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. Nous voulons un peu de cette justice et de l’égalité qui en découle. En tous cas de 1945 à nos jours, nous les africains, n’avons pas encore vue le bout du nez de cette liberté, de cette fraternité encore moins de cette égalité que la France chante encore à gorge déployée. La médiocrité et les gesticulations de sa classe politique nous renforcent dans notre conviction que c’est un pays sans honneur.

S’ils y a encore des petits esprits attardés, qui veulent vaille que vaille nous contredire, pour plaire à la France, nous leur disons ici que les soldats africains ont mené un combat juridique de plus de quarante ans pour que le conseil d’Etat, qui est une institution de l’Etat français reconnaisse la légitimité de leurs revendications. Nous détenons une abondante documentation sur ce sujet, pour soigner la cécité de nos contradicteurs afin de les aider à sortir du brouillard glacial dans lequel leur cerveau a été congelé.

Dans le même registre, la France, à travers des accords dits de coopération a vidé le contenu de l’indépendance nationale des pays Africains de l’espace francophone, ils sont politiquement à la remorque de la France pour la Monnaie, l’économie, les finances, l’industrie, la Défense nationale, la recherche scientifique, l’éducation et la formation, bref tout ce qui fait l’ossature de la souveraineté des Etats.

Aujourd’hui encore la France mène un combat d’arrière garde en cautionnant une rébellion en Côte d’Ivoire exactement comme les combats rétrogrades, perdus d’avance qu’elle avait menés inutilement contre le bon sens et la raison pour s’opposer à l’indépendance de l’Algérie dans les années cinquante. Il est prouvé aussi et cela n’est pas contesté que la France ait formé, équipé et entraîné l’armé mono ethnique d’Habyarimana, qui a perpétré le génocide des Tutsi au Rwanda entre Avril et juillet 1994.

En réalité, la France est une ancienne puissance coloniale, sans honneur qui s’accroche aujourd’hui à des malheureux pays africains pour maintenir son rang dans le monde. Imaginez simplement le retrait des avoirs en devises que les pays africains membres de la zone franc ont stockés au trésor français de 1960 à nos jours et vous comprendrez l’immensité du désarois et de la panique qui s’emparera de la France et de son trésor public quand le moment sera venu. L’histoire nous enseigne que ce moment viendra. Ce n’est qu’une question de temps.

« Dans tous les cas, le processus est irréversible, tout un continent ne va pas travailler éternellement dans le seul but du bien être des Français, soyons sérieux. Que les rêveurs se réveillent, nous ne sommes plus aux temps des phallocrates qu’étaient : les Houphouët, Mobutu, Bokassa, Eyadema, Yaméogo, Ahidjo, Tombalbaye et compagnie. Nous sommes en 2007, c’est une époque ou même le chien dans la rue veut voir claire dans son lendemain… »

C’est pourquoi la France officielle doit aller au-delà de son amour-propre, de son orgueil. De ses lâchetés habituelles, de son arrogance, de son chauvinisme et de son hypocrisie établie, pour regarder avec courage et humilité l’évolution du monde afin de jeter les bases d’un nouveau partenariat fondé sur le respect mutuel et l’intérêt réciproque des africains et des français. Le Royaume de Belgique nous offre un exemple de courage politique édifiant sur ce sujet.

Le courage politique et moral de la Belgique

Dans l’immense tragédie qu’est le génocide rwandais. Il est bon de se rappeler que, après l’assassinat de 10 casques bleus belges par l’armé Hutu d’Habyarimana, la Belgique retira non seulement ses troupes du contingent des nations unies, mais fit campagne dans les chancelleries occidentales pour le retrait complet de la force onusienne.
C’est exactement ce que voulait l’armée mono ethnique du dictateur Hutu Juvénal Habyarimana, pour perpétrer le génocide à huit clos.

« Nos amis européens ont beau étudier les sciences politiques, dans les grandes écoles, mais quand il s’agit de l’Afrique, ils deviennent brusquement nuls et incapables de comprendre les choses simples. Et bien sûr, ils s’étonnent des contradictions qui découlent des relations tumultueuses teintées de mépris qu’ils ont toujours entretenues à notre égard. »

Le royaume de Belgique, a cependant démontré que la grandeur et la force d’un pays résident aussi dans sa capacité à accepter ses propres faiblesses. C’est aussi cela le courage, qui est le sujet de notre communication.

En reconnaissant cet ensemble d’erreurs, en avouant sa démission, son implication et ses propres lâchetés dans la crise rwandaise, la Belgique nous rassure sur son humanité et sa capacité d’humilité devant l’horreur.
Laissons ici la parole à son premier ministre Mr Guy Verhofstadt dans le discours de pardon qu’il prononça le 07Avril 2000, à Kigali au Rwanda.

<< nul au monde n’ignore les horreurs du génocide rwandais, les victimes de ce génocide hantent l’histoire collective de l’humanité, comme les victimes de la Shoah, des killings fields et des autres barbaries du siècle qui s’achève. On oubliera plus les noms de Murambi, de Ntarama, de Kibeho ou de Kibuye. Ils sont devenus synonymes d’horreur et d’atrocité. Pour toujours, ils auront la couleur brune du sang séché.

Pour que le Rwanda puisse tourner son regard vers l’avenir, vers la réconciliation, nous devons d’abord assumer nos responsabilités et reconnaître nos fautes. Au nom de mon pays, je n’incline devant les victimes du génocide.

Au nom de mon pays, au nom de mon peuple, je vous demande pardon.
Je suis venu vous dire au nom de la Belgique que nous voulons, avec vous, reconstruire un monde meilleur, plus généreux, plus juste. Cette volonté de bâtir un projet commun, de donner à nos enfants plus de chance pour ce nouveau siècle, et ne nous dispense pas de ce devoir de mémoire et de justice.

Il faut que le monde se souvienne toujours de l’horreur perpétré ici. Nous devons trouver la force et la volonté de ne plus jamais tolérer de tels massacres, qui font injure à l’intelligence et aux valeurs essentielles de l’humanité. Puissent les fils et les filles du Rwanda, unis dans le souvenir, retrouver le souffle de l’espérance et de la fraternité. Puissent-ils bâtir un pays nouveau dans la paix, la réconciliation et la concorde nationale >>.

« Mesdames et Messieurs, les africains n’ont pas l’habitude de voir des blancs s’excuser devant les noirs pour des fautes plus graves, le Royaume de Belgique nous prouve sa grandeur en allant plus loin. Son ministre des affaires étrangères Mr. Louis Michel a Publiquement présenté le mercredi 06 février 2002 devant le parlement Belge, au peuple congolais et à la famille Lumumba, les excuses sincères et les profonds regrets de son pays pour la douleur qui leur a été infligée par l’assassinat du premier ministre et leader du mouvement national congolais notre frère Patrice Emery Lumumba. »

Selon les conclusions du rapport de la commission d’enquête du parlement belge, Patrice Lumumba, qui a joué un rôle capital dans l’accession de son pays à l’indépendance après plus de 78 ans de colonisation belge, a été tué quelques heures seulement après son transfert au Katanga <<>>.

Les parlementaires belges avaient également épinglé le roi Baudouin 1er, roi des belges à l’époque des faits, pour avoir noué des contacts avec les adversaires de Lumumba. S’exprimant devant le parlement, le chef de la diplomatie belge a enfonceé le clou : <<>> a affirmé Mr Louis Michel.

« La création d’un fond * Patrice Lumumba* a été annoncé. Doté de 2,75 millions d’euros, complétés par une dotation annuelle d’au moins 500 000 euros, cet organisme doit œuvrer au développement de la République démocratique du congo. Par le financement de projets en matière de prévention des conflits, de renforcement de l’état de droit et de formation de la jeunesse. »

La Belgique, en s’excusant devant le peuple congolais, poursuit courageusement son examens de conscience et aborde son passé colonial avec une transparence que pourrait lui envier la France, dont le parlement avait voté hier encore une loi sur le rôle positif de la colonisation. Seul un parlement criminel et raciste, déserté par l’intelligence peut voter une telle loi.

La France est vraiment un pays sans honneur. Ainsi donc pour les Français, la colonisation avec toutes ses atrocités et les souffrances qu’elle nous a laissée aujourd’hui encore, est-elle positive. Laissons le soin à l’histoire humaine d’en juger.

L’obstination courageuse de Nelson Mandela

Il y a dans le monde négro-africain et aussi dans le monde arabo-musulman, une croyance qui échappe complètement à nos amis européens, car ils ont toujours regardé de haut et souvent avec une grande dose de mépris la culture des autres. Aucun anthropologue européen ne prendra au sérieux ce que nous allons vous révéler à ce stade de notre intervention.

Mais la psychologie humaine est un champ très vaste de travail et toutes les sensibilités méritent le même intérêt, si nous voulons trouver des explications cohérentes à la relation que chaque peuple entretien avec son univers mental et social.

« L’orphelin a un statut particulier dans l’imaginaire de certaines populations, ils ont le sentiment que dans sa relation avec les humains, Dieu se saisi souvent des orphelins et des nécessiteux pour leur confier des missions divines.

Dans le judaïsme, nous savons que Moïse fut un enfant abandonné et retrouvé sur le Nil par une princesse égyptienne, Moïse signifie sauvé des eaux. Nous avons tous été sauvé des eaux, car avant un accouchement la femme perd d’abord les eaux pour affronter ce moment capital ou l’enfant va arriver dans un monde inconnu.

Dans l’islam, nous savons que le prophète Mahomed, était un orphelin, qui fut élevé par son oncle Abu Talib dans la ville sainte de la Mecque.

Saladin qui chassa les croisées de Jérusalem le 3 juillet 1187, était un orphelin, qui fut élevé par son oncle. Gamal Abdel Nasser le chantre du panarabisme, orphelin de mère quitta son père pour aller vivre chez son oncle à Alexandrie en haute Egypte. L’Ayathollah Khomeyni, orphelin, fut aussi à la Charge de son oncle.

« En Afrique noire, Soundjata le fondateur de l’empire mandingue, était un orphelin, Samory Touré, l’empereur de Wassoulou, était un orphelin. Plus près de nous Kwamé Nkrumah, le père du Panafricanisme et héros de l’indépendance du Ghana, était un orphelin élevé par sa mère.

Nelson Mandela, aussi perd son père à l’âge de 9 ans et quitte sa province natale pour aller vivre chez son oncle Jongitaba Dalyndiébo, le régent du peuple Tembu.

Cela peut faire sourire nos amis européens mais ces considérations exercent une grande influence sur les couches populaires. L’orphelin chargé d’une mission divine pour rétablir le règne de la justice et l’honneur bafoué du peuple. Certains n’y verront qu’une simple coïncidence.

Mais ce que nous voulons retenir ici dans le cas particulier de Nelson Mandela, c’est la ténacité et le courage d’un homme au service d’une cause juste. Nous avons tellement eu dans notre histoire tourmentée, tellement de traîtres à la tête de nos pays que la constance de Mandela, préférant la prison que de vivre dans un pays ségrégationniste nous émeut
Profondément.

C’est un destin hors norme qui conforte l’imaginaire collectif dans sa croyance que le courage peut être mis au service du bien de tous, pour que naisse une société juste et vivable pour tous. Il n’a pas vu grandir ses enfants et n’a donc pas eu une vie de famille digne de ce nom. A la mort de sa mère et plus tard celle de son fils, il n’a pu assister aux funérailles.

Par deux fois 1972 et 1980 le régime raciste et criminel de l’apartheid lui offre la libération sous condition de renoncement à la lutte armée, et de reconnaissance de la politique des bantoustans. Il refuse en réitérant sa fidélité et son allégeance à l’ANC. Il nous enseigne que le courage et la ténacité sont payants pour que triomphe un idéal au service de la justice et de la paix. »

Le 11 février 1990, Nelson Mandela fut libéré, après plus de 26 années de prison. En 1991, il assuma la présidence de l'ANC redevenue légale. Mandela et Frédéric De Klerk entamèrent alors des négociations. En effet, seul un compromis pouvait éviter une guerre civile désastreuse entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud.

La déclaration que Mandela fit lors de ce qui allait rester dans l'histoire sous le nom de procès de Rivonia (9 octobre 1963 au 12 juin 1964) reçut une publicité considérable dans la presse locale et dans le monde. Mandela s'exprima pendant 4 heures, expliquant les raisons de son engagement dans l'ANC et la création de la branche armée Umkhonto we Sizwe. Il termina son allocution par la déclaration suivante :

« Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J'ai lutté contre la domination blanche et j'ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J'espère vivre assez longtemps pour l'atteindre. Mais si cela est nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir »

Le 12 juin 1964, Nelson Mandela et sept autres accusés sont condamnés à la prison à perpétuité. (Les 7 autres condamnés sont Walter Sisulu, Ahmed Kathrada, Govan Mbeki, Dennis Goldberg, Raymond Mhlaba, Elias Motsoaledi et Andrew Mlangeni).

De 1964 à 1982, Mandela est emprisonné à Robben Island, près de Cape Town. En 1982, il fut transféré à la prison de haute sécurité de Pollsmoor où il fut maintenu en confinement solitaire pendant plusieurs années. Son courage et sa ténacité, demeurent pour nous tous un modèle d’engagement au service de la paix et de la justice.

De la félonie, parlons-en

« La félonie, est un acte de trahison d’un sujet envers son souverain, dans le droit moderne, on peu l’assimiler à la haute trahison ou au crime contre l’intérêt national. C’est aussi l’image de l’infidélité, de la déloyauté et de la forfaiture. Accepter l’argent de l’étranger et prendre les armes contre son propre peuple est un acte indigne qui fait de vous un félon.

Exemple : La rébellion katangaise de Moïse Tschombé qui avait reçu l’argent des occidentaux pour déclencher la sécession qui a affaiblit le Congo et le gouvernement de Lumumba pour permettre l’arrivée de Joseph Désiré Mobutu au pouvoir était une félonie.

Autres exemples : Pendant la nuit noire de l’apartheid, il y avait des noirs qui en échange de l’argent, collaboraient avec la police blanche, raciste et criminelle pour dénoncer les nationalistes noirs et indiquer les lieux des réunions de ceux qui luttaient pour une société libre et juste pour tous. C’était de la forfaiture de l’indignité et de la félonie.

Les 6000 iraniens, rémunérés par la CIA, qui marchèrent le 19 août 1953 sur le parlement Iranien pour exiger la démission du premier ministre iranien le Dr Mossadegh, étaient des traîtres, des félons qui travaillaient sans le savoir contre les intérêts pétroliers de leur propre pays. Car en échange, le pays a eu droit à la dictature du Shah qui a favorisé l’avènement de l’ayatollah Khomeyni.

Les rebelles ivoiriens qui en complicité avec la France, ont déclenché une guerre absurde, pour tuer des innocents, violer et éventrer des femmes, piller les maisons et les ressources du pays, jeter des milliers de personnes sur les routes dans le seul but d’obtenir le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir, ont posé un acte de forfaiture digne d’une félonie contre leur propre peuple. »

On peut ne pas être un tifosi de Gbagbo Laurent et reconnaître simplement que les moyens qui ont été utilisés contre lui et son pays relèvent pitoyablement du brigandage et du gangstérisme.

L’histoire humaine est aussi une science, rien n’est écrit à l’avance, Moïse Tschombé ne savait pas qu’il allait finir sa vie dans une prison en Algérie.
Mobutu ne savait pas qu’il allait être chassé du Zaïre et mourir à l’étranger. Houphouët n’imaginait pas une seule seconde que la France allait un jour en complicité avec des pays voisins favoriser la partition de la Côte d’Ivoire. La félonie à toujours un prix. Voici un exemple.

Le prix de la félonie

La félonie est le contraire du courage c’est une forfaiture. Pour clore ce chapitre nous voulons rapporter à tous ceux qui trahissent les masses africaines dans leurs quêtes de liberté, de bonheur et de justice sociale. Nous leur faisons don ici de l’histoire de Noury Saïd.

Né dans une famille riche, Noury Saïd, avait fait ses études à l’académie militaire d’Istanbul. Opportuniste jusqu’au bout des doigts, il tomba entre les mains des anglais quand ils occupèrent Bassora pendant la première guerre mondiale. Il leur offrit ses services. Quelque mois plus tard, on le trouvait auprès du fameux colonel Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de : Lawrence d’Arabie, fomentant « la révolte arabe ».

Les anglais le mirent à la disposition de Faysal, fils du Chérif de la Mecque, qui devint en 1921 Roi d’Irak. Dès 1930 sur la pression de Londres, il devenait premier ministre d’Irak, poste qu’il devait occuper pendant une longue période. Piètre orateur, parlant mal l’arabe, il détestait Nasser qui l’accusait ouvertement d’être un agent au service de l’intelligence service britannique.

Les masses irakiennes le détestaient et priaient pour son malheur dans les mosquées. Lors de la révolution irakienne du général Abdel Karim Kassem le 14 juillet 1958, qui met fin à la monarchie en Irak, Noury Saïd tenta de fuir en se déguisant en femme, mais reconnu il fut abattu. Son corps traîné dans la ville de Bagdad provoqua la joie et les applaudissements de la population en liesse.

Il fut jeté sous des voitures jusqu’à l’aplatir et à le rendre méconnaissable. Telle était et est toujours la haine des masses, contre la traîtrise et la félonie que nous connaissons dans ce vaste tiers monde dont nous sommes les fils.

Nous rappelons ici pour mémoire que les restes mortuaires de feu le président François Duvalier d’Haïti, furent traînés dans les rues de Port- au-prince le 7 février 1986, dans une liesse populaire, quand au président Samuel Doé du Liberia, il fut tué et découpé en morceaux comme un sanglier par ses opposants le 9 septembre 1990.

Nous n’approuvons pas ces méthodes macabres et expéditives, mais la félonie et la traîtrise se paient au prix fort, car très souvent, elles ne laissent pas d’autres choix aux foules enragées de douleurs et de souffrances, qui du jour au lendemain, brisent les chaînes de l’oppression et de la servitude.

Que tous ceux qui acceptent aujourd’hui encore d’être les agents des intérêts étrangers, ceux qui choisissent la félonie et la traîtrise contre leur peuple et leur propre pays se souviennent du sort que la foule et la rue ont réservé à Noury Saïd.

Conclusion générale

Notre continent l’Afrique, se trouve à un carrefour important de son histoire douloureuse. Il est temps d’affronter courageusement nos problèmes sans faux-fuyant pour arracher nos pays aux mains des eunuques qui nous dirigent, pour que l’homme africain quitte les soutes froides et sombres de l’histoire.

En ouverture du sommet des chefs d’Etats francophones de Cotonou du 2 au 4 décembre 1995, le président Français, Jacques Chirac a sollicité une minute de silence à la mémoire de son ami, le dictateur rwandais Juvénal Habyarimana, sans avoir un seul mot de compassion pour les milliers de morts du génocide rwandais, perpétré par l’armée mono ethnique Hutu du défunt président d’Habyarimana.

Cela ne nous étonne pas, car la France a toujours honoré les dictateurs au détriment des peuples africains. Le bizarre est qu’aucuns des chefs d’Etats africains présents n’a élevé la moindre protestation devant un tel étalage de cynisme. Ce jour là, les africains découvraient effarés et avec tristesse qu’ils sont dirigés par des eunuques.

Notre frère Frantz Fanon, ce médecin psychiatre antillais qui en soignant les fous voulait aussi sauver les hommes, il avait quitté son poste de médecin à l’hôpital psychiatrique de Blida pour rejoindre la lutte de libération du peuple algérien.

Dans son livre « les damnés de la terre », il évoque ce qu’il appelle les « nègres blancs ». Il désigne par là les dirigeants des anciennes colonies qui, bien que leur pays soit devenu indépendant, se comportent comme des laquais.

À cet égard nous pouvons regarder l’attitude des dirigeants politiques membres du réseau franco-africain, très souvent absents aux réunions des organisations africaines d’intégration économique et qui se précipitent à la table du président français comme des nègres blancs, des laquais, voir même des eunuques dévoués corps et âme à leur souverain.

Dans l’empire Ottoman et dans l’empire du milieu, les énuques qui étaient des hommes castrés chargés de la surveillance du harem impérial, mais aussi constituaient une redoutable garde rapprochée très dévouée à l’empereur, ne pouvant pas procréer et incapables de fonder une dynastie, les eunuques haïssait et méprisait leur propre peuple vers qui, ils n’avaient aucun devoirs.

Mesdames et Messieurs, nous sommes dans le même cas de figure avec la plupart des élites politiques africaines de l’espace francophone, castrés, frappés de stérilités, incapables de féconder le bonheur commun et le vivre ensemble, ils se mettent au service de la France, méprisant envers leur peuple à qui il ne doivent rien.

Car ils savent que le danger contre leur régime, viendra du peuple et du suffrage universel qu’ils méprisent, ils ont donc renoncé à la souveraineté de leur pays et tueraient leur mère pour plaire à la France, qui est, la nation européenne qui, a avalisé les élections truquées qui leur a permis d’être au pouvoir, il ne doivent rien au peuple.

Voilà pourquoi ils retardent son progrès et son bonheur en l’enfonçant un peu plus chaque jour que Dieu fait dans l’obscurantisme et des aberrations de types staliniennes. Telle est Mesdames et Messieurs la triste réalité qui découle du drame des peuples africains.

D’Houphouët-Boigny à Hamani Diori, de Mobutu à Bokassa, de Maurice Yaméogo, à Etienne Eyadéma, de Blaise Compaoré, à Sassou Nguesso, d’Hosni Mubarak à Paul Bya en passant par El Hadj Omar Albert Bernard Bongo Odimba, nous vivons le temps des eunuques. Qui marque le triomphe de la lâcheté et celui de l’arrogance de ceux qui représentent les intérêts étrangers dans leur propre pays.

Il faut que cela change. En effet il nous faudra deux fois plus de courages aujourd’hui pour répondre à l’immense besoin de justice, de nos populations africaines. D’une meilleure redistribution des biens, d’une organisation plus équitable de la société africaine, avec d’avantage de participation, une conception plus désintéressée du service public au profit de tous.

Il y a aujourd’hui des violations sélectives et massives des droits de l’homme qui affectent la société africaine dans son ensemble. Cela nous amène à exprimer ici le désire légitime pour la population, les médias et la politique d’une libre expression respectueuse des opinions des autres et des biens communs au service de tous et non de quelques uns.

Par exemple avoir aussi chez nous, des routes praticables en toutes saisons, manger à sa faim, se soigner, boire de l’eau, avoir un logement décent, un travail honnête, une pension pour ses vieux jours, le respect des responsabilités familiales, scolariser ses enfants, car la victoire de l’Afrique sur l’analphabétisme est a ce prix.

Bref tout ce qui fait que les enfants, les vieillards, les hommes, et les femmes d’un pays puissent mener une vie vraiment humaine. Nous faisons appelle à nos amis européens, à nos élites politiques, à tous ceux qui disposent de la richesse, de la culture et du bon sens, pour qu’ils comprennent leur grave et urgente responsabilité.

Dans cette voie, nos élites politiques doivent être moins hautaines et méprisant, ils doivent éviter d’étaler l’or et les richesses acquissent sur le dos et la sueur de nos Populations, il faudra être moins suffisant, moins médiocre et très humble.

La clé de cette alternative qui passe par le suffrage universel tourne le dos à la lâcheté, à l’arrogance et a pour nom le courage, le courage, des peuples africains, dont le travail et l’ardeur au combat a été piétiné, car au final nous avons détruit l’ancienne maison, sans construire la nouvelle.

Nous sommes aujourd’hui au bord de la route, sous la pluie, sans toit, livré à nous même dans un monde d’égoïsme institutionnalisé. L’humilité et la fidélité aux combats de nos peuples africains, demeurent la clé des temps nouveaux.

Comme l’écrivait si bien notre frère le poète Haïtien, Jacques Stéphane Alexis : « Nous resterons fidèles, jusqu’à plus ample démonstration, à la formule selon laquelle le peuple, pris dans sa nasse, est la seule source de toute culture vivante ; il en est en quelque sorte la base, le fondement sur lequel viennent rejaillir les apports des hommes de cultures. »

Mesdames et Messieurs, chers amis européens, compatriotes africains, chers frères et sœurs des communautés du tiers monde,
Merci de votre aimable attention.


Dr. SERGE-NICOLAS NZI
Chercheur en communication
Directeur du centre africain d’études stratégiques
CP.66 VEZIA-LUGANO
CH-6943 SUISSE.
Tel. 004179.246.53.53
E-Mail
. nzinicolas@yahoo.fr

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