Françoise Mbango réussit son saut là où Eto’o Fils a échoué

La double médaillée d’or olympique Françoise Etoné Mbango a donné une conférence de presse au Hilton hôtel de Yaoundé le 29 août dernier, pour expliquer à la presse la prouesse qu’elle a réalisée à Pékin en remportant pour la deuxième fois consécutive le précieux métal au triple saut féminin. Tout le monde ou presque attendait de voir la triple sauteuse glisser sur les starting blocs mais la médaillée d’or a désillusionné ses détracteurs, elle a réussi sa conférence là où Samuel Eto’o s’est fendu en sauvagerie en juin dernier.
Après son exploit à Pékin et son retour qui rappelait toutes les polémiques qui ont précédé sa préparation, une certaine presse et beaucoup de ses détracteurs attendaient de pied ferme Françoise Etoné Mbango au pays. Tous ceux qui ont pactisé avec le président de la fédération camerounaise d’athlétisme Ange Sama Aimé Douala, souhaitant que la championne n’aille pas aux jeux olympiques ou quelle échoue là-bas, ont relancé des mauvais procès contre la Françoise nationale. L’heure était pourtant aux félicitations, aux encouragements mais les adversaires de l’athlète ont tout fait pour la dénigrer et la rejeter, soulignant au passage par dépit sentimental que quelqu’un d’autre pouvait aussi réaliser ses performances. Le jour de la conférence de presse qu’elle a organisée par le biais de la structure Border Blaster Sport, inconnue jusque-là dans les milieux sportifs, Mbango a surpris plus d’un, elle a remercié tout le peuple camerounais et en particulier la presse, même celle qui la traquait et la saquait, pour le bon boulot abattu pour l’amener à accomplir sa grosse performance. Tous les journalistes qui se sont préparés à la descendre, ont vu leurs intentions voler en éclat, Françoise Mbango les a tous déjoués. Les questions incendiaires ont été rangées et changées par des questions plus sobres, plus justes, plus fines.
Toutes les questions piège ou à polémique, pour la mettre en porte à faux avec le président Ange Sama ont été soigneusement évitées ou répondues avec plus de tact et de maturité. Lorsqu’on lui demande « quels sont rapports actuels avec le président de la fédération camerounaise d’athlétisme », compte tenu des antécédents entre les deux avant les JO, elle dira qu’ils sont au beau fixe, il n’y a pas de nuage, tout va bien. Une réponse qui n’a pas arrangé la presse à sensation qui recherchait la petite bête durant cette conférence, pour alimenter ses colonnes. D’ailleurs à la fin de la rencontre certains ont trouvé qu’elle n’avait pas à organiser une conférence, c’est le ministre des sports qui devait le faire, d’autres encore sont allés loin en soutenant que le président de la République n’avait pas à lui adresser une lettre de félicitation directement, il devait plutôt l’adresser au ministre des sports qui devait à son tour rendre compte à l’athlète. Tout et n’importe quoi autour la championne et de ses médailles.

La provenance d’une haine soutenue
Lorsqu’elle remporte la médaille d’or du triple saut en 2004 à Athènes en Grèce, on lui reproche d’avoir avoué qu’elle a été entraînée par sa petite sœur alors qu’elle aurait eu des entraîneurs qui l’ont initiée dans la discipline qui honore le Cameroun tout entier depuis 8 ans. Par la suite, certaines personnes n’étaient pas contentent que le président de la République lui ait remis un véhicule de luxe et une enveloppe de 80 millions de francs CFA qui a fait des vagues pendant plusieurs années, même si l’athlète avoue qu’elle a reçu la totalité de cette enveloppe au jour d’aujourd’hui. Ce qui avait réellement mis le feu aux poudres c’est lorsqu’elle s’indignera sur les ondes de RFI, parlant des dons divers qui ont été distraits quelque part par des individus tapis dans l’ombre et qui devait lui permettre d’arroser sa première médaille. La malchance de Mbango va s’accentuer lorsqu’elle ne se rendra pas à Helsinki et aux jeux africains en 2007, il lui est reproché d’avoir pris la prime de participation pour ces deux compétitions, 500.000 francs CFA pour Alger, sans s’y rendre. La fille a beau expliquer les raisons de son absence, sa maternité étant la raison fondamentale, les juges n’ont pas lâché prise. Condamnée par une presse qui a des affinités avancées avec l’Ange Sama Aimé Douala, Françoise Mbango a été suspendue par le président de sa fédération qui a la latitude de manipuler ses administrés à chaque réunion. Elle devait aller demander pardon devant le conseil de discipline plutôt qu’auprès du ministre des sports, ce que l’athlète a refusé, parce qu’elle ne se reprochait rien. Une réunion de réconciliation a dû être organisée pour rapprocher les deux parties, Mbango et Sama, et pour amener Ange Sama à laisser l’espoir du Cameroun pour les JO tranquille, mais la rencontre présidée par le ministre des Sports Thierry Augustin Edjoa et le président du Comité national olympique, par ailleurs président de la confédération africaine d’athlétisme le colonel Hamad Kalkaba Malboum, accouchera d’une grosse souris morte.

Françoise Mbango la sacrifiée du Cameroun donne une bonne leçon au boxeur Eto’o Fils
Voulant prendre part à une compétition qui a permis à certains athlètes camerounais d’obtenir leurs minima à Yaoundé, elle a été sortie de la piste du sautoir par les bourreaux de Sama, alors qu’elle avait une licence en bonne et due forme. Elle avait également reçu l’autorisation de commencer les sauts, mais ayant constaté qu’elle n’allait pas être ridicule comme certains l’envisageaient, les examinateurs l’ont écartée du sautoir, à la suite d’un coup de fil du président Sama. Madame Mbango était obligée d’aller prendre son ticket pour Beijing à Addis-Abeba, Ange Sama ayant vu que l’affaire avait déjà pris d’autres proportions sur le plan national et au sommet de l’Etat, a finalement cédé au chantage, en lui accordant une levée de suspension à contre cœur. Françoise Mbango Etoné avait alors étonné en ramenant une médaille d’or à Yaoundé, à Paris lors d’un grand championnat d’athlétisme, elle va encore récidiver, au détriment de ses détracteurs. Il n’y avait plus rien à faire, Sama Ange et ses complices devaient se plier à la puissance de cette mère d’enfant qui croyait encore à ses forces après deux ans d’absence des sautoirs.
Après son sacre, Mbango a adressé ses premiers remerciements au couple présidentiel qui lui a toujours donné des moyens pour assurer sa préparation, attitude qui a une fois de plus agacé les adversaires ou les contestataires de la fille championne du monde, créant même sous l’instigation d’une presse partisane la révolte et le courroux des autres athlètes qui ont commencé à exiger les mêmes moyens de préparation.
Au terme de sa conférence au Hilton hôtel, une seule chose à retenir, là où Samuel Eto’o Fils est allé donner un coup de tête au confrère Boney Philippe un vendredi 30 mai, à l’occasion d’une conférence de presse des Lions Indomptables avant le match Cameroun – Tanzanie, Françoise Mbango qu’on disait mal éduquée et irrespectueuse, a réussi son coup et son saut pendant plus d’une heure, mettant en difficulté tous ceux qui tiraient sur elle à bout portant. C’était la grande leçon d’une vraie Lionne des sautoirs. Et comment ne pas la combler de bonheur, d’autant plus qu’elle a été la seule à ramener une médaille au Cameroun pour toute la délégation, ceci depuis 2004 à Athènes.

Jean Charles Jérémie