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vendredi 12 juin 2009
Les éternels défis d’Iya Mohammed
Dans le dépliant qui portait sa profession de foi, le président sortant a déroulé des programmes et des projets qu’il brosse et réalise avec toutes les peines du monde chaque fois qu’il se trouve devant les écueils qui peuvent mettre en jeu son siège à la fédération camerounaise de football. Nous avons parcouru ce document mais il y a beaucoup à redire sur toute la ligne.Depuis qu’il a pris la tête de notre sport roi à travers la petite porte, à la suite de l’incarcération du président Vincent Onana, quelques jours avant le début de la coupe du monde 1998, monsieur Iya Mohammed se bombe chaque fois le torse en disant que sa grande réalisation c’est d’avoir restauré la crédibilité à la Fecafoot qu’il a servi en tant que premier vice-président, au moment où il prend les pouvoirs par un coup de poker. Il rappelle dans tous ses discours qu’il a régler le passif de son association, qu’il a réglé les factures de courant et d’eau, qu’il a pu trouver un siège à la fédération, qu’il a mis sur pied une comptabilité exemplaire. Il a trouvé des sponsors et des tops sponsors qui remplissent les caisses de la fédé à Tsinga, il a mis en place une administration digne de foi, monsieur le président réélu est en réalité le sauveur du football camerounais, sans lui suivant ses discours, notre sport roi serait méconnaissable aujourd’hui. A côté de ces réalisations logiques pour une structure qui se veut sérieuse, monsieur le prophète Mohammed Iya déroule une longue liste de ce qu’il a fait, de ce qu’il fera et de ce qu’il est en train de faire, sans pour autant relever ce qui coince et tout ce qui a planté autour et dans son sillage. Et pourtant.
Les grandes ambitions du prophète de TsingaLa Fecafoot dispose d’un budget annuel de trois milliards de francs CFA consacré entièrement au développement du football camerounais, sans aucune subvention de l’Etat. La Fecafoot a amélioré son fonctionnement au point d’être érigé en modèle à suivre en Afrique par la Fifa et la CAF. Le président entend construire un nouveau et très beau siège pour la fédération, il parle d’une structure plus fonctionnelle et plus prestigieuse. A mettre aussi à l’actif de son équipe, des sièges somptueux dans les ligues régionales, la construction d’un Centre Technique prêt à l’emploi à Odza par Yaoundé, des équipements en quantités suffisantes pour les sélections nationales, l’achat d’un bus à la hauteur du standing des Lions Indomptables.
Les sélections nationales et les clubs représentant le Cameroun aux compétitions internationales bénéficient chaque année d’environ 400 millions francs CFA provenant des ressources propres de la fédération, ce qui permet selon le président tombeur des ministres, d’assurer une présence permanente du Cameroun au premier plan dans toutes les compétitions organisées par la Fifa et la CAF. Le Cameroun, grâce à ce soutien de la Fecafoot, plafonne au premier rang du classement Fifa en Afrique depuis 2002. La fédération camerounaise de football donne aussi des subventions aux clubs de l’Elite One et Two, ainsi que des équipements sportifs chaque saison, l’un des défis qui reste en chantier c’est la restructuration et la modernisation de l’administration, sans oublier la professionnalisation du football camerounais. Un nouvel organigramme plus adapté à la cause et aux objectifs a été mis sur pied, à cet égard, une trentaine d’employés ont été remerciés dans le strict respect des procédures et des textes en vigueur. Pour les remplacer, des personnes plus qualifiées et mieux rémunérées ont été recrutées. De nouveaux textes de base ont été élaborés en relation avec la tutelle et approuvés par la Fifa après l’assemblée générale extraordinaire du 7 mai 2005, puis ils ont été modifiés le 10 mars 2007. Il est souligné dans le programme que les joueurs, les arbitres et les entraîneurs ont désormais chacun un statut spécial pour gérer leur carrière. L’équipe Iya a selon ses propres termes sensiblement amélioré l’organisation de ses compétitions, grâce au partenariat avec les collectivités locales, la fédé a attaqué le crucial problème des infrastructures avec la construction du stade de Mbouda, en attendant ceux de Guider et d’Akonolinga.
L’organisation du football des jeunes a été restructurée avec l’adoption du statut spécial du football des jeunes et du règlement d’octroi de l’agrément Fecafoot aux structures de formation. Le président vient également de créer une compétition dite « coupe de la jeunesse » consacrée aux sélections régionales des catégories inférieures. Le football féminin a désormais aussi un statut spécial avec un championnat de D1 et de D2, ainsi qu’une coupe du Cameroun régie par un règlement particulier. Aujourd’hui, monsieur entend aussi informatiser le système de gestion des licences, pour mieux sécuriser les données relatives aux joueurs. Il reconnaît surtout que ses chantiers sont encore nombreux, il faudrait rapidement trouver un nouvel opérateur audiovisuel pour remplacer GBS qui devait soutenir financièrement les clubs de l’élite. En clair, Iya Mohammed dit qu’il s’engage encore à poursuivre la restructuration et la modernisation de son administration qui doit planer sur les 58 ligues départementales que compte le Cameroun. Voilà le projet Iya Mohammed distribué le jour de l’assemblée générale du 24 mai dernier.
Les contre vérités du projet présenté au Mont FebeIl est d’abord à noter que le sieur Iya Mohammed s’attarde beaucoup sur des détails ordinaires, ceux qui sont des règles de base dans toute société qui se veut sérieuse, dire par exemple qu’on a acheté un bus aux Lions Indomptables en 2009, alors que les fédérations normales en Afrique l’ont fait il y a une vingtaine d’années, montre qu’il y a quelque chose qui ne va pas quelque part, surtout que le Cameroun est premier au classement Fifa comme il le souligne. Construire un nouveau siège aujourd’hui, après avoir bénéficié d’une aide financière de la Fifa pour acheter le siège actuel, ne devrait pas faire l’objet d’un projet à propagande.
Lorsqu’on nous parle du Centre Technique d’Odza qui a traîné pendant 3 à 4 ans par rapport aux autres pays africains, parce que les fonds du projet Goal Fifa ont été détournés quelque part, c’est montrer une fois de plus que la Fecafoot actuelle est toujours à l’état de balbutiement. Le président de la Fecafoot essaie toujours de dire qu’il dispose d’un budget qui fait vivre ses structures et les équipes nationales, sans aucune subvention de l’Etat, or c’est justement le gouvernement camerounais qui nourrit toutes les sélections nationales en compétitions internationales. La fédé ne vient souvent qu’en appui très faiblement. Penser que ce sont ses avancées qui permettent aux équipes camerounaises d’être au top niveau c’est vilipender l’action de l’Etat pour s’ériger en maître. Alors qu’on sait très combien que les Lions ont souvent eu des problèmes énormes en déplacement et des problèmes de primes lorsque c’est la fédération qui tente de prendre les joueurs en charge. Deux matches amicaux joués en Afrique du Sud et en Espagne, en disent long dans ce cadre. Sur un tout autre plan, Iya Mohammed ne saurait se targuer d’avoir conçu des textes en 2005 sous le contrôle de la Fifa, alors qu’il les a modifiés tout seul en 2007, les torture et les bafoue en permanence pour se tailler ses propres mesures en solo. Peu avant l’assemblée générale du 24 mai dernier, son équipe et lui ont fabriqué un code électoral qui leur convenait, d’où la marginalisation de Louis Marie Ondoa, Patrice Tchamtche et du docteur prosper Nkou Mvondo.
Comment monsieur Iya Mohammed peut parler de statuts spéciaux du football des jeunes, du football féminin, des joueurs, des entraîneurs et des arbitres, alors que rien n’a changé fondamentalement sur le terrain. Les championnats des jeunes se jouent en toute discrétion et gérés par des mains invisibles, les joueurs qui devaient percevoir le salaire de 50.000 francs chacun au moins, n’ont rien, de même les entraîneurs qui s’attendent à au moins 150.000 francs se grattent toujours le crâne à la fin de chaque mois. Même les assemblées générales des clubs obligatoires avant le début de chaque saison ne se tiennent guère, on cherche encore la tête d’un secrétaire général à la Fecafoot depuis plus de 4 ans, après l’échec des DG blanc et noir. La restructuration annoncée par le licenciement des personnels a été faite à tête chercheuse, Iya Mohammed a sacrifié les fils du Centre au profit de ses frères du Nord, cela est su de tous. Il ne saurait parler essentiellement de compétences pour ceux qui sont restés en place. Dans le football féminin, la création des divisions une et deux sont la conséquence des déboires de 2008, où la Fecafoot a été surprise par les éliminatoires des cadettes, juniors et seniors, puisqu’elle ne disposait que de la catégorie des seniors. La honte.
En outre, c’est curieux de savoir que pour sécuriser les données des joueurs, la fédé Iya M entend aujourd’hui informatiser ses licences jeunes, ce que Louis Marie ondoa proposait il y a 10 à 12 ans. En plus, les jeunes, les divisions 2 et 3 disputent leurs rencontres sans licences depuis plus de 5 ans. Les arbitres sont toujours confrontés aux indemnités non payées, plus grave, les hommes en noir des divisions inférieures n’ont rien, pas de tenue appropriées, pas d’indemnités, pas de 4e officiel, parfois les assistant sont piqués dans le vif parmi les spectateurs. Et dire que le nouveau président s’engage encore à restructurer et à moderniser son administration, qu’il veut professionnaliser le football camerounais. Il y a de quoi en rire et s’étonner des félicitations qui viennent de la Fifa et de la CAF pour sa brillante réélection à 99,3% comme au bon vieux temps. Même Paul Biya n’a jamais réalisé ce genre de score. L’Etat a encore là du pain sur la planche.
Jean Charles Jérémie
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