vendredi 12 juin 2009

Otto Pfister quitte la tanière des Lions à Bruxelles



Alors que le staff technique se rendait à Bruxelles pour un stage préparatoire en prélude au match Cameroun – Maroc du 7 juin prochain à Yaoundé, le sélectionneur des Lions Indomptables Martin Otto Pfister a choisi de rendre sa blouse par une lettre de démission. Il dénonce le climat délétère qui entoure l’équipe nationale du Cameroun.
Le coach des Lions Indomptables a rendu sa blouse le mercredi 27 mai 2009 par une lettre qu’il a écrite au gouvernement camerounais, dans cette correspondance, l’Allemand dénonce un climat délétère, les pressions qu’il subies et l’impossibilité de collaboration avec le collectif des entraîneurs camerounais nommé par le ministre Thierry Augustin Edjoa le 30 avril dernier. L’entraîneur Otto Pfister quitte ainsi le banc de touche de notre équipe nationale, alors qu’il se rendait en Belgique pour le stage préparatoire à la rencontre du 7 juin prochain à Yaoundé. Il faut déjà relever que la défaite du Cameroun à Accra le 28 mars dernier contre les Eperviers du Togo est la goutte d’eau qui a débordé le vase, c’est ce jour que le gouvernement a décidé de renforcer l’encadrement des Lions, alors que la Fecafoot à travers la commission Roger Milla avait déjà proposé cette solution après la défaite du Cameroun en finale de la CAN 2009.

Le bourrage de l’encadrement technique par le collectif constitué de Jean Paul Akono, Kaham Michel et Martin Ndtoungou Mpilé avait été mal pris par le vieux sélectionneur des Lions. Il l’avait d’ailleurs fait savoir de manière implicite en soutenant haut et fort qu’il est le seul responsable de l’équipe nationale, pour marquer sa désapprobation à la décision du Minsep, papy Otto Pfister avait distribué des rôles troubles et réducteurs à chaque membre du collectif. Par ordre alphabétique, Akono Jean Paul devait s’occuper de la discipline du groupe, Kaham Michel avait en charge le matériel et Ndtoungou Mpilé se chargeait de l’échauffement des joueurs. Rien de ce qu’ils exercent chaque jour sur le plan technique ne leur revenait, les trois dinosaures ont fait savoir au patron des Sports qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette position imbue de mépris de l’Allemand. Par la suite, ils ont contesté la liste des 25 joueurs qu’il avait convoqués unilatéralement pour le stage en cours en Belgique. En fait, nous l’avions déjà relevé lorsque le collectif avait été désigné, Otto Pfister ne pouvait pas supporter la tête dure et la grosse gueule des éléments du collectif, du moins pour ce qui est tonitruant Akono J P, alias Magnusson, qui ne supporte ni l’indiscipline des joueurs ni les mauvaises décisions d’un collègue, fut-il Martin Otto Pfister.

La dernière tension dans le cabinet du ministreAlors que le collectif manifestait déjà son courroux par médias interposés ces derniers temps à Yaoundé, Otto Pfister lui persistait et signait qu’il n’avait pas à recevoir les idées venant de ses subalternes. Il y a eu des consultations au Minsep et à la Primature pour indiquer et marteler les missions assignées à l’encadrement des Lions qui a une obligation de résultats, en ce qui concerne la CAN et la première coupe du monde en terre africaine.

Le 27 mai, le ministre des Sports qui voulait chasser le diable de l’encadrement des Lions, a convoqué une réunion de crise dans son cabinet. La réunion a pris des heures, mais papy Otto Pfister campait sur ses positions, il était le seul patron, les autres sont des porteurs d’eau, de sacs et de godasses. Au terme de la réunion qui a accouché d’un gros rat, le sélectionneur a refusé d’emprunter le même véhicule que ses adjoints pour se rendre à l’aéroport international de Nsimalen, à l’aérogare il ne parlait à personne, et dans l’avion il est allé s’asseoir dans son coin jusqu’à Bruxelles, où il a fondu dans la nature sans crier gare. Ce n’est que la lettre de démission qu’il a pris soin d’écrire qui est venue mettre les choses au clair, son séjour au Cameroun aura été de courte durée et très tumultueux. Le pays des Lions Indomptables qui change les coachent autant qu’on change les sous vêtements rentre à nouveau comme un avion dans une zone de turbulence, au moment où sa situation est précaire dans ce dernier tour des éliminatoires couplées CAN et World Cup.

Ce qui devait arriver arriva
Recruté dans des conditions exceptionnellement compliquées peu avant la coupe des nations de 2008 au Ghana, le sélectionneur allemand des Lions Indomptables n’a pas eu la tâche facile depuis qu’il a choisi de dresser les fauves du Cameroun. D’abord, son contrat a été signé par le seul ministère des Sports et de l’Education Physique qui a mis de côté la short liste des entraîneurs proposée par la fédération camerounaise de football, à cause des manipulations et des visées économiques qui cachaient à peine les intentions de la Fecafoot. Ensuite ayant été marginalisé par le gouvernement camerounais au sujet du recrutement de l’Allemand, la fédé a engagé une véritable épreuve de chasse à l’homme, à la CAN au Ghana, ses choix étaient constamment contestés, ses tactiques critiquées et son âge avancé apparaissaient dans tous les discours ou rapport.

Au point où la rupture de la convention Minsep – Fecafoot a été constatée et consommée à partir de la première défaite du Cameroun face aux Pharaons d’Egypte. Malgré sa qualification en finale, papy Otto Pfister n’était plus théoriquement le coach des Lions pour la bande à Iya Mohammed, on a même vu des responsables de la fédération danser lorsque le Cameroun se faisait battre par les champions d’Afrique en titre. Des collectifs des entraîneurs et de journalistes soutenus par la fédération ont même vu le jour pour pousser l’Allemand à la démission, ne pouvant plus supporter la pression augmentée par la nomination de trois coaches camerounais de haut niveau, le père des Lions a pris la poudre d’escampette. Maintenant le sort du Cameroun repose entre les mains des nationaux qui ont toujours clamé qu’ils voulaient reprendre leur équipe en main.

Des nationaux à la tête des Lions pour la première coupe du monde en Afrique
Que c’est beau de le savoir et de le voir un jour, mais comment y arriver lorsqu’on connaît bien ce que sont les Camerounais eux-mêmes ? Il est à rappeler que ce sont des Camerounais qui ont qualifié le Cameroun pour la coupe du monde de 1990 en Italie, avec Michel Njélézeck, Kaham Michel le revenant et André Nguidjol Nlend, mais le gouvernement les avait virés pour recruter un vrai sorcier blanc russe, une curiosité appelée Valery Nepomniachi. Le Russe a bien sûr fait sensation à San Ciro.

Un autre saut dans le passé nous autorise à croire que la tâche ne leur sera pas facile, au vu des limogeages en série qui ont marqué l’histoire du coaching de notre équipe nationale. Le retraité Jules Frédéric Nyongha, Jean Manga Onguéné, Jean Paul Akono qui ont déjà eu à diriger l’équipe du Cameroun en savent quelque chose, Magusson a même failli voir son domicile brûler par des supporters déréglés qui ont essentiellement peur du blanc. N’en parlons plus des dernières série de licenciements ou de démissions sous pression en terre camerounaise, les Français Philippe Redon, Henri Michel et Pierre Lechantre ont vu de près les couleurs du drapeau camerounais, le Belge Henri Despireux, le Néerlandais Ari Haan et le Portugais Arthur Jorge savent aussi là où ils se trouvent aujourd’hui que le Cameroun c’est le Cameroun.

Les quatre entraîneurs camerounais qui restent dans le collectif maintenant sont désormais face à leurs responsabilités, ils doivent prouver que la place qu’ils revendiquaient peut être assumée par des nationaux, ils doivent montrer qu’on peut remporter une coupe du monde avec des africains à la tête de l’encadrement technique, surtout une coupe qui se joue pour la première fois en Afrique. Pour cela il faut d’abord mettre de côté leurs ego chacun pour sa part, regarder vers la même direction pour remettre du baume au Cœur des Camerounais, car en ce moment tout le Cameroun a peur de l’atmosphère qui règne dans la tanière.

Dans ces conditions, le spectre du samedi noir le 8 octobre 2005 plane à nouveau sur les Lions qui avaient manqué la coupe du monde 2006 à Yaoundé contre les mêmes Pharaons d’Egypte. Le ministre des Sports Thierry Augustin Edjoa qui était censé prendre part au cabinet ministériel à la Primature le 28 mai à Yaoundé a été dépêché au chevet du fauve en péril à Bruxelles, pour remettre les joueurs et les entraîneurs en confiance, mais aussi pour redistribuer les cartes pipées par Martin Otto Pfister. On s’interrogeait dans une signature récente, si le gouvernement n’a pas nommé le collectif pour pousser Otto à la démission, l’objectif vient d’être atteint avec brio.
Thomas Nkono le coach des gardiens de buts, Akono Jean Paul, Kaham Michel et Martin Ndtoungou Mpilé ont désormais le destin du Cameroun tout entier entre leurs mains. Le 7 juin prochain à Yaoundé contre les Lions de l’Atlas, ce sera le premier test grandeur nature, on verra aussi si le collectif va convoquer des extraterrestres dans les Lions, après avoir contesté une liste apparemment bien conçue par le démissionnaire.

Jean Charles Jérémie

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