Lors de son adresse à la jeunesse le 10 février 2013, le président de la République du Cameroun a disparu des images de la télévision nationale pendant plus d’une minute, mais seule la voix de Paul Biya retentissait sous cape pendant qu’on cherchait vainement son portrait. Evidemment, l’incident qui n’a peut-être pas été vécu par beaucoup de Camerounais a fait l’objet de plusieurs amendements de la part des journalistes de la CRTV après la deuxième diffusion de ce message. Ceux qui se sentaient coupables accusaient les problèmes techniques, comme d’habitude.
Sur le discours lui-même, Paul Biya a fixé ses préoccupations sur deux catégories de jeunes, ceux qui sont encadrés, donc qui sont élèves ou étudiants, ensuite, sur ceux qui ne bénéficient pas de cet encadrement. Notamment, ceux qui ont été obligés d’arrêter les classes pour une raison ou une autre, et surtout ceux qui n’ont pas eu l’opportunité d’aller à l’école.
Ces deux classes sont obligées de se rabattre dans le secteur informel, à défaut de faire face à l’oisiveté, qui entraîne le vagabondage et la délinquance juvénile. Les plus déçus vont souvent jusqu’à être tentés par la fronde, relève le locataire d’Etoudi, qui pense que ce n’est malheureusement pas la solution idoine. Le chef de l’Etat reconnait qu’il y a des insuffisances, comme d’ailleurs dans plusieurs pays, mais Paul Biya souhaite qu’il y ait une prise de conscience collective. « Nous devons assumer nos faiblesses, pour trouver des solutions. »
C’est aussi pour que les jeunes qui pleurent chaque jour, parce qu’ils n’ont plus d’espoir, ne cèdent pas au découragement que le président de la République annonce la création de 200.000 emplois en 2013 dans le secteur formel. La concurrence sera rude, lors des recrutements, il y aura surtout de la discrimination et des tripatouillages, comme cela a toujours été le cas dans notre pays, mais le président sans prendre des dispositions pratiques voudrait que les jeunes croient en eux-mêmes.
Biya soutient les faibles en paroles
Paul Biya parle à ses jeunes compatriotes, pour qu’ils comprennent que dans un pays, même si on est bardé de diplômes, tout le monde n’est pas censé avoir un emploi formel. Cela renvoie directement à l’un de ses vieux discours, où il demandait aux jeunes d’oser et d’entreprendre. Le président dit par ailleurs qu’il soutient ceux des jeunes qui font des tâches pénibles, qui sont très souvent en dessous de leurs capacités. Ils le font pour s’occuper de leurs familles.
Mais une seule inquiétude cependant, le président demande aux enfants de se jeter à l’eau, sauf que le chef de l’Etat ne dit pas ce qu’il va faire pour ces jeunes qui sont plus nombreux dans le secteur informel et privé. On ne sait pas ce que deviennent la banque agricole, la banque des PME que le chef de l’Etat a annoncées depuis plusieurs mois. Mais toujours prévenant, compte tenu du contexte international des affaires, le président Paul Biya affirme que les choses iront progressivement en s’améliorant.
Comment les jeunes peuvent-ils se déployer, alors qu’ils ne bénéficient pas des financements de leurs projets ? Là est toute la question, et le plus marrant à ce niveau est que ceux qui sont directement en charge des questions des jeunes ne font pas leur travail, on ne sait même pas s’ils suivent les discours de leurs patrons, pour agir en conséquence.
Dans le discours qui précède la 47e fête de la jeunesse, Paul Biya interpelle les enseignants qui ont baissé la craie, et qui pour la plupart travaillent comme des forçats pour un métier qui vise à former des têtes. Beaucoup de professeurs ont plongé dans la facilité, arnaquer les élèves et étudiants, parce que, disent-ils, ils sont mal rémunérés.
Tel que le président a posé les problèmes des enseignants, on peut deviner que même sans l’avoir dit clairement, Pau Biya pourrait augmenter les salaires des enseignants et leurs conditions de travail dans les mois qui viennent. On espère aussi que les faux enseignants seront sanctionnés ou extirpés du métier, comme on le demande de plus en plus chez les journalistes.
Paul Biya sort les motos taximen de l’informel
En abordant la question et les problèmes des conducteurs de motos taxis, le président de la République, qui sait désormais que ce secteur emploie une bonne frange de la jeunesse, et qu’il devient davantage une force terrible, Paul Biya a presque sorti cette activité de l’informel. Le président dénonce les excès, les négligences des brebis galeuses dans ce secteur, mais indique ce qu’il y a lieu de faire.
Il interpelle ainsi deux ministères et d’autres partenaires. Il nomme le ministère de la Jeunesse et de l’Education physique, et le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, pour que ceux-ci organisent les motos taximen, qu’ils organisent des stages, amènent ces jeunes à porter des casques et à obtenir des permis de conduire. Bien entendu, le chef de l’Etat exclut les irresponsables de ce secteur, ceux qui fument des herbes, boivent avant de prendre leurs motos et ceux qui causent des accidents mortels, sous-prétexte qu’ils se débrouillent seulement.
Les églises, écoles de la moralité
Pour indiquer aux jeunes qui perdent le Nord, la voie à suivre, le président évoque l’aspect très préoccupant de la moralité des jeunes dans notre pays. Les jeunes doivent avoir des repères, parce que la société apaisée et prospère à laquelle nous aspirons sera minée de l’intérieur, s’il n’y a pas de moralité publique. Et ceci, quel soit les moyens qu’on donnerait aux jeunes dépaysés.
Le président relève bien que le niveau de moralité chez les jeunes se dégrade considérablement, ici il fait un clin d’œil à la presse camerounaise, pour montrer qu’il la lit aussi. Il pense que cette presse à travers ses faits divers, décrit suffisamment l’état de déliquescence de la moralité publique. Non seulement Paul Biya demande à ses jeunes compatriotes de retrouver les vraies valeurs, qui nous aideront à développer notre pays, mais il interpelle aussi les hommes d’églises, des temples et des mosquées, afin qu’ils deviennent de vraies écoles de moralité. Des écoles de civisme, de Rigueur et de Moralisation.
Le président qui compte toujours sur cette jeunesse, même si certains dérapent parfois ou régulièrement, sait qu’elle est l’avenir de notre pays, qu’elle porte tous les espoirs du Cameroun, parce qu’elle est le fer de lance de la nation. Biya leur demande à la fin d’être à la hauteur des ambitions de la nation.
JCJ